"J'ai rencontrĂ© Alexandre Soljenitsyne quatre fois, quatre moments extraordinaires 1. Avant mĂȘme de l'inviter dans Apostrophes, le 11 avril 1975, je lui avais consacrĂ©, fin 1973, au moment de la sortie de L'Archipel du Goulag, l'une des Ă©missions d'Ouvrez les guillemets. Le dĂ©bat avait Ă©tĂ© fort animĂ©, notamment entre Jean Daniel et Max-Pol Fouchet. Le premier parlait d'un tĂ©moignage capital, tandis que le second minimisait son importance. Tout comme Alain Bosquet, Ă©galement sur le plateau, qui Ă©tait fort dubitatif. Car, il faut bien le rappeler aujourd'hui, il n'y avait pas alors de belle unanimitĂ© au sein de l'intelligentsia française. Nombre d'intellectuels critiquaient l'aspect partiel du rĂ©cit de Soljenitsyne, d'autres encore considĂ©raient qu'il n'Ă©tait pas de grande qualitĂ© littĂ©raire. DĂ©but 1975, alors que, expulsĂ© d'URSS, il rĂ©sidait en Suisse, je l'ai conviĂ© Ă l'occasion de la sortie de ses MĂ©moires, Le ChĂȘne et le Veau. C'Ă©tait l'une de mes premiĂšres Ă©missions d'Apostrophes et je venais d'avoir Nabokov. Deux grands Russes coup sur coup. Quel bonheur ! C'Ă©tait formidable. L'auteur d'Une journĂ©e d'Ivan Denissovitch et du Pavillon des cancĂ©reux Ă©tait vraiment impressionnant. Par sa stature, sa barbe, son physique. Tout ce qu'il reprĂ©sentait, la guerre, le goulag, le cancer, bref, tout ce que Ă quoi il avait Ă©chappĂ©, et son courage incroyable faisaient que vous vous sentiez bĂȘte et tout petit en face de lui. C'est comme si vous aviez reçu de Gaulle ! On me disait qu'il n'avait pas bon caractĂšre. Comment aurait-il pu survivre sinon ? Cela dit, il a fait montre, Ă chacune de nos rencontres, d'une vraie gentillesse et d'une grande disponibilitĂ©. Il tenait Ă sa femme, Ă ses enfants, Ă la Russie, Ă Dieu et au temps. Le temps Ă©tait son bien le plus prĂ©cieux, car il savait qu'il pouvait mourir d'un moment Ă l'autre et qu'il lui fallait finir La Roue rouge, sa monumentale histoire de la Russie d'avant 1917. Aussi, lorsque je suis allĂ© le retrouver dans son refuge du Vermont, aux Etats-Unis, en 1983, pour un long tĂȘte-Ă -tĂȘte, j'avais conscience qu'il s'agissait lĂ d'un cadeau inestimable. Une fois le principe de l'interview tĂ©lĂ©visĂ©e acceptĂ© - j'Ă©tais le seul Ă m'ĂȘtre entretenu avec lui dans le Vermont - il Ă©tait tout Ă vous. Plus tard, je l'ai reçu, dans le cadre de Bouillon de culture ; enfin, je suis allĂ© tourner un reportage en 1998, aprĂšs son retour en Russie, dans sa maison des environs de Moscou. Chaque fois, j'ai eu le sentiment d'avoir en face de moi un tĂ©moin et un acteur capital de l'Histoire." 1 Un coffret rĂ©unissant les quatre Ă©missions sera en vente le 1er octobre dans une coĂ©dition Gallimard-INA. Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux
VEILLIR: un trĂšs beau texte de Bernard Pivot. Face au temps qui passe et nous mĂšne inexorablement au terme de notre vie, chacun a sa façon de voir les choses. Et celle de Bernard Pivot vaut le dĂ©tour. Sâil y a bien une rĂ©alitĂ© devant laquelle tous les humains naissent Ă©gaux, câest la soumission au temps qui passe.
Par PubliĂ© le 21/10/2010 Ă 0000 Mis Ă jour le 28/12/2017 Ă 1220 Apostrophes, Bouillon de culture, Double je, les Dicos d'or, c'est lui. Bernard Pivot a animĂ© pendant trente ans des Ă©missions littĂ©raires sur le service public. Le journaliste, heureux retraitĂ© de la tĂ©lĂ©, appuie sur le bouton retour en arriĂšre pour un reportage retraçant sa carriĂšre Un reportage inĂ©dit de la collection Empreintes a Ă©tĂ© diffusĂ© vendredi soir sur France 5 afin de retracer la carriĂšre de Bernard Pivot AFP. Et il y a de quoi dire ! Le journaliste amoureux des mots a en effet passĂ© trente ans de sa vie Ă hanter les plateaux de tĂ©lĂ©vision. Aujourd'hui, retraitĂ© de la petite lucarne mais pas de la littĂ©rature, Bernard Pivot, 75 ans, mĂ©ritait bien un hommage appuyĂ© sur ces annĂ©es Apostrophes. Le hasard fait bien les chosesRien ne prĂ©destinait Bernard Pivot Ă devenir prĂ©sentateur. Originaire de Lyon, il Ă©tait un Ă©lĂšve moyen, plus douĂ© en sport que dans les autres matiĂšres. Ce n'est que grĂące Ă son amour du français ?et un peu de chance, avoue-t-il ? qu'il est acceptĂ© au Centre de formation des journalistes CFJ et monte Ă Paris en 1955. C'est encore "par hasard" qu'il est embauchĂ© par le Figaro littĂ©raire en 1958. Il y travaille jusqu'Ă la disparition du journal en 1971. RapatriĂ© au Figaro, il n'y restera que quatre ans avant de lancer le magazine Lire en 1975. Cette mĂȘme annĂ©e, ses passions tĂ©lĂ©visuelles commencent. Une vie entre parenthĂšses pour ApostrophesLe lancement d'Apostrophes le 10 janvier 1975 le vendredi soir sur Antenne 2 marque le dĂ©but d'une belle histoire d'amour avec le public mais surtout pour les Ă©crivains et grands penseurs de ce monde. LĂ©vi-Strauss, JankĂ©lĂ©vitch, Nabokov, DumĂ©zil, Yourcenar voir vidĂ©o plus bas, Duras, D'ormesson ou Soljenitsyne, ils sont tous passĂ©s Ă sa table pour discuter de leurs ouvrages et dĂ©battre avec d'autres de leurs thĂ©ories. "J'ai eu la chance de ne pas avoir fait d'Ă©tudes supĂ©rieures de lettres, sinon j'aurais Ă©tĂ© de la paroisse, j'aurais voulu montrer que j'en savais autant qu'eux. En fait, la tĂ©lĂ© a Ă©tĂ© mon universitĂ©. Chaque vendredi, je passais un examen.", explique Bernard Pivot. Un peu mĂ©prisĂ© par une certaine intelligentsia germanopratine, l'animateur recevra les Ă©crivains mais pas leur amitiĂ©, Ă l'exception prĂšs de Jorge Semprun. L'Ă©mission durera jusqu'en 1990 mais non sans effort. L'animateur a vĂ©cu pendant 15 ans quasi reclus, passant entre 12 et 14 heures par jour Ă lire pour prĂ©parer le programme. Sans oublier non plus la difficultĂ© Ă gĂ©rer certains auteurs, animaux nocturnes et taciturnes comme Charles Bukowski, qui sortira titubant du plateau. Une retraite heureuse AprĂšs Apostrophes, Bernard Pivot s'ouvre aux autres arts avec Bouillon de Culture, une Ă©mission qui se terminera toujours par son fameux questionnaire, repris plus tard par l'AmĂ©ricain James Lipton dans son Ă©mission Inside actor's studio sous le nom de questionnaire Bernard Pivot. Le programme s'arrĂȘte en 2001. Un an plus tard, Pivot s'intĂ©resse dans Double je Ă ces personnalitĂ©s Ă©trangĂšres qui aiment la langue de MoliĂšre et l'intĂšgrent Ă leur culture d'origine. En 2005, Ă l'Ăąge de 70 ans, Bernard Pivot prend sa retraite de l'antenne et met fin par la mĂȘme occasion aux Dicos d'or, une compĂ©tition annuelle d'orthographe oĂč les dictĂ©es Ă©taient aussi drĂŽles que redoutĂ©es. "Durant toutes ces annĂ©es, j'ai mis de cĂŽtĂ© ma vie familiale et personnelle. Je me dis aujourd'hui que la vie est plus importante que la littĂ©rature.", avoue le fin lecteur qui n'en a pourtant pas fini avec le monde littĂ©raire. Bernard Pivot est ainsi le premier non-Ă©crivain Ă ĂȘtre Ă©lu au sein de l'AcadĂ©mie Goncourt. Il partage aujourd'hui son temps entre les vignes du beaujolais et sa demeure parisienne envahie de milliers de livres, comme autant de fantĂŽmes de ces annĂ©es Apostrophes."Si je me pose la question as-tu rĂ©ussi dans la vie, je rĂ©ponds oui. Mais si je me pose la question est-ce que tu as rĂ©ussi ta vie, j'ai beaucoup de mal Ă rĂ©pondre.", avoue humblement celui qui a longtemps rappelĂ© au service public sa mission culturelle et aux Français le plaisir simple qu'est la Bouhours mardi 19 octobre 2010En savoir plusInterview de France Soir, Bernard Pivot ?Je suis plus nostalgique de ma jeunesse que de mes Ă©missions?Article du Figaro, Pivot Ă livre ouvert Ă lire sur votre Ă©dition internationale
ProblĂšmetechnique passager, mâa-t-on signalĂ©. Il faudra attendre quelques jours avant quâelles soient intĂ©grĂ©es au reste de la collection. Toutes nos excuses pour ce dĂ©sagrĂ©ment. Voici le programme de Bernard Pivot : 1) Le Concerto n°1, de Rachmaninov,interprĂ©tĂ© par Byron Janis (gĂ©nĂ©rique dâApostrophes) « Madeleines » :
04h20 , le 24 janvier 2016 , modifiĂ© Ă 11h01 , le 21 juin 2017 S'il a toujours Ă©crit, Michel Tournier a attendu l'Ăąge de 42 ans pour publier son premier livre, Vendredi ou les limbes du Pacifique. Avant de vivre de sa plume, il avait Ă©tĂ© publicitaire Ă Europe 1, puis moitiĂ© directeur littĂ©raire moitiĂ© attachĂ© de presse des Ă©ditions Plon. C'est lĂ que, journaliste au Figaro littĂ©raire, j'ai fait sa connaissance. Il Ă©tait beau, souriant et s'amusait beaucoup des mĆurs des Ă©crivains. Je ne soupçonnais pas que, rentrĂ© chez lui, il Ă©crivait avec l'ambition d'ĂȘtre l'un d'eux et, tant qu'Ă faire, d'ĂȘtre parmi les aurais-je pu me douter que, sur une Ăźle du Pacifique, avec audace et une imagination de dĂ©miurge, il distribuait Robinson et Vendredi dans de nouvelles aventures? Le roman parut en 1967 et Saint-Germain-des-PrĂ©s en eut le souffle coupĂ©. Bien inspirĂ©e, l'AcadĂ©mie française lui donna son grand prix du roman, le soustrayant Ă la convoitise de l'acadĂ©mie Goncourt, laquelle, trois ans aprĂšs, se revancha en lui accordant son prix, Ă l'unanimitĂ© â depuis jamais rĂ©itĂ©rĂ©e â, pour son deuxiĂšme chef-d'Ćuvre, Le Roi des aulnes. Un puissant Ă©crivain, dĂ©jĂ classique, Ă©tait personnages de la littĂ©rature, l'histoire ou la BibleClassique par son Ă©criture mais trĂšs moderne dans les thĂšmes de ses romans la marginalitĂ©, la transgression, les sexualitĂ©s dĂ©viantes, les forces tĂ©nĂ©breuses, le refus de l'ordre, la fascination du mal, les beautĂ©s et les piĂšges de la nature, la gĂ©mellitĂ©, le pouvoir et la soumission, les contradictions du monde, la saintetĂ©, les fulgurances de l'amour. Nourri de philosophie allemande, Michel Tournier n'a pas Ă©crit des romans philosophiques mais il a eu sur tous ses personnages un point de vue philosophique, essentiellement Tournier chez lui, Ă Choisel, en 2004. CrĂ©dits SipaIl est vrai que la plupart s'Ă©taient dĂ©jĂ fait un nom dans la littĂ©rature, l'histoire ou la Bible Robinson, Gilles de Rais et Jeanne d'Arc, les rois mages, Göring, Abel et CaĂŻn c'est Ă©videmment le maudit et mystĂ©rieux CaĂŻn qui le passionnait, les ogres, MoĂŻse sous le nom d'ĂlĂ©azar, le PĂšre NoĂ«l, etc. C'est l'auteur lui-mĂȘme qui a collĂ© le mot mythe sur le front de ses personnages. Et comme tous ces mythes sont des aventuriers ou des nomades, il est exact de dire que Michel Tournier est un Ă©crivain inspirĂ© par l'histoire et transportĂ© par la sans cĂ©der Ă la coquetterie du paradoxe, il tenait Vendredi ou la vie sauvage, version pour la jeunesse de son premier roman, pour le livre dont il Ă©tait le plus fier. Des millions d'exemplaires vendus. Le plus gros et plus durable succĂšs derriĂšre Le Petit Prince. Il a toujours manifestĂ© pour les enfants attention et curiositĂ©, rĂ©pondant volontiers aux questions des Ă©coliers. Le quatriĂšme roi mage de Gaspard, Melchior et Balthazar est un enfant. Vendredi monte Ă bord du Whitebird, abandonnant Robinson sur son Ăźle. Il a Ă©tĂ© rejoint clandestinement pendant la nuit par le mousse, maltraitĂ© sur le bateau. "DĂ©sormais, lui dit Robinson, tu t'appelleras Jeudi. C'est le jour de Jupiter, dieu du ciel. C'est aussi le dimanche des enfants." DerniĂšre phrase du prĂ©fĂ©rait les Folio Ă la PlĂ©iadeMichel Tournier avait pour premier dĂ©sir d'ĂȘtre le plus lu possible. C'est pourquoi il considĂ©rait le livre de poche comme l'invention du siĂšcle. Folio, oĂč ont Ă©tĂ© publiĂ©s la plupart de ses livres, Ă©tait sa collection chĂ©rie. Il la prĂ©fĂ©rait Ă la PlĂ©iade, oĂč il entrera en 2017 ou 2018. Jean d'Ormesson a dit qu'il prĂ©fĂ©rait la PlĂ©iade au prix Nobel. Tournier, lui, aurait joyeusement renoncĂ© Ă la PlĂ©iade pour le Nobel. Quand Le ClĂ©zio et Modiano l'ont obtenu, j'ai eu une pensĂ©e pour le vieil Ă©crivain retirĂ© dans son presbytĂšre de Choisel, dans la vallĂ©e de Chevreuse. Il se consolait en disant que, ayant Ă©tĂ© longtemps nobĂ©lisable, les gens croyaient qu'il l'avait eu. Touchante et trompeuse consolation par l' Tournier est venu dix-sept fois dans mes Ă©missions. Devant les camĂ©ras il Ă©tait parfaitement lui-mĂȘme, enjouĂ©, profond, provocant, paradoxal, Ă©mouvant ou amusant, toujours avec son Ă©lĂ©gant sourire. Le 15 mars 1992, il Ă©tait l'invitĂ© principal de Bouillon de culture pour son livre Le CrĂ©puscule des masques. Un Ă©tudiant a surgi pendant l'Ă©mission, armĂ© d'un couteau, menaçant de se suicider si Lionel Jospin ne retirait pas sa loi sur l'enseignement. AprĂšs six ou sept longues minutes de nĂ©gociations, il a jetĂ© le couteau et il est parti. Quelques jours aprĂšs, Michel Tournier m'a appelĂ© au tĂ©lĂ©phone pour me dire "Jamais je n'ai autant Ă©tĂ© humiliĂ© que pendant votre Ă©mission. Pas une fois, cet Ă©tudiant ne m'a regardĂ©, ni interpellĂ©. Il n'a parlĂ© qu'Ă vous! Pas une fois il ne m'a menacĂ©. Pour lui je ne comptais pas! C'Ă©tait trĂšs humiliant." Tournier Ă©tait-il sincĂšre ou facĂ©tieux?De mĂȘme, Ă l'acadĂ©mie Goncourt, dont il a Ă©tĂ© pendant trente-huit ans un membre trĂšs actif, lecteur scrupuleux, gĂ©nĂ©reux, aux choix parfois aussi surprenants que ceux de son ami Robert Sabatier, fallait-il le prendre au sĂ©rieux quand il disait "Notre acadĂ©mie Ă©tant pauvre, demandons 10% sur les bĂ©nĂ©fices de l'Ă©diteur que chaque annĂ©e nous enrichissons avec le prix Goncourt"? Il travaillait alors Ă un roman sur les vampires⊠Il l'a abandonnĂ©, n'ayant pas le courage et la force d'aller arpenter de nuit les souterrains du mĂ©tro et les catacombes. Il ne rĂ©gnait plus non plus sur le monde foisonnant des mots, longtemps serviteurs d'une Ćuvre sans Ă©quivalent dans la littĂ©rature française par l'originalitĂ© de ses thĂšmes et la force de son JDD papier
BernardPivot publie Mais la vie continue aux Ă©ditions Albin Michel, ce 6 janvier 2021. Cela tombe bien, il sera l'invitĂ© de François Busnel ce mĂȘme jour, pour Ă©voquer un ouvrage dans
Bernard Pivot "Gardons lâesprit vif" âą Notre Temps Pourquoi avoir créé ce double littĂ©raire? Tout paraĂźt vrai, autobiographique. Bernard Pivot. Tout est vrai. Mais beaucoup de choses sont fausses! Ce nâest pas un roman, pas une autobiographie, plutĂŽt une chronique. Jâaurais aimĂ© appartenir au groupe dâamis octogĂ©naires que je mets en scĂšne. Inventer ce cĂ©nacle qui organise des dĂ©jeuners Ă thĂšme Ă©tait une maniĂšre, pour moi, de renouer avec "Apostrophes". Tous sont joyeux, mĂȘme sâils parlent beaucoup des "CI2A" ces quatre flĂ©aux de lâĂąge que sont le cancer, lâinfarctus, lâAVC et Alzheimer. Quant Ă mon narrateur, je ne suis plus lui et il nâest pas encore moi. Nous avons trois ans dâĂ©cart. PassĂ© 80 ans, trois ans, câest un temps extraordinaire. âą Vous donnez des conseils pour bien aborder cette pĂ©riode de la vie⊠Le plus dur a Ă©tĂ© pour moi de trouver le ton juste pour Ă©crire ce livre. Entre lâhumour, qui traduit un certain bonheur de vivre, et le cĂŽtĂ© moraliste, donneur de leçons. Si nous voulons garder une audience auprĂšs des jeunes, nous ne devons en aucun cas ĂȘtre ronchons ou passĂ©istes. Nous devons cultiver notre curiositĂ© pour le monde dans lequel nous trois des "CI2A" nous Ă©chappent, il en est un que nous pouvons tenter de retarder, câest Alzheimer. RĂ©unissons-nous, dĂ©battons, ayons une vie sociale, voyageons. Lorsque nous Ă©changeons ardemment, nous gardons lâesprit vif. âą Les pĂ©riodes de confinement sont terribles de ce point de vue! Oh, moi, je suis trois fois confinĂ©. DĂ©jĂ par mon activitĂ© de lecteur, socialement comme retraitĂ©, sanitairement comme personne Ă risque. Nous entrons dans une pĂ©riode oĂč lâimage des vieux change. Avant, on disait de nous ils vieillissent bien, leur espĂ©rance de vie augmente, ils sont actifs⊠Aujourdâhui, nous sommes considĂ©rĂ©s comme fragiles, au premier rang des victimes de la Covid. âą En sortant de lâĂ©cole de journalisme, vous publiez un roman. Est-ce donc naturellement que vous devenez journaliste littĂ©raire? Non, câest un hasard. Jâaurais voulu entrer Ă "LâĂquipe" mais lâĂ©cole mâa proposĂ© un poste au "Figaro littĂ©raire". Jâai travaillĂ© quinze ans en presse Ă©crite avant de faire ma premiĂšre Ă©mission, "Ouvrez les guillemets", en avril 1973. Ce soir-lĂ , Jacqueline Baudrier, ma patronne, mâa fait trois remarques "lâĂ©mission Ă©tait trĂšs mauvaise", "je devais abandonner ma veste de garçon de cafĂ©", mais "jâĂ©tais fait pour la tĂ©lĂ©vision". âąAvec "Apostrophes" vous ĂȘtes devenu plus connu que les auteurs que vous invitiez. Cette notoriĂ©tĂ© Ă©tait-elle importante pour vous? Câest un des grands dangers de la tĂ©lĂ©, contre lequel nous devons lutter surtout, ne pas se considĂ©rer comme la vraie vedette. Toutefois, cette notoriĂ©tĂ© Ă©tait le rĂ©sultat dâun travail et un gage de succĂšs pour lâĂ©mission. Jâai tout de mĂȘme reçu des gens beaucoup plus connus que moi! Mais il est vrai que jâai dit "Si je descends les Champs-ĂlysĂ©es entre Claude LĂ©vi-Strauss et Julien Green, câest Ă moi quâon demandera un Câest la perversion de la tĂ©lĂ©vision. âą Le beaujolais, le football⊠vous aimez mettre en avant vos goĂ»ts populaires. Jâai Ă©tĂ© mis en cause par des intellectuels de lâĂ©poque pour cette raison. Comment faire confiance Ă un journaliste littĂ©raire qui va voir des matchs de foot? Pour certaines personnes, il aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable que je naisse dans le Bordelais et que je joue au tennis. Jâai Ă©crit alors un article intitulĂ© "Proust est-il soluble dans le beaujolais?" âą Quel Ă©crivain vous a le plus impressionnĂ©? Alexandre Soljenitsyne. Pas seulement en tant quâĂ©crivain, mĂȘme si "Une journĂ©e dâIvan Denissovitch" 1962 ou "Le Pavillon des cancĂ©reux" 1968 sont des grands livres. Câest un homme qui a marquĂ© lâhistoire. Il est celui qui a rĂ©sistĂ© aux trois flĂ©aux du XXe siĂšcle la guerre, le cancer, le goulag. âą Regrettez-vous dâavoir soutenu, au nom de la littĂ©rature, des auteurs aux comportements pervers, tel Gabriel Matzneff? Des annĂ©es 1970 aux annĂ©es 1990, la littĂ©rature, et mĂȘme le cinĂ©ma, Ă©tait au-dessus de la morale, des lois. Aujourdâhui, la morale a pris le dessus, câest un changement dâĂ©poque. On ne publierait plus "Lolita" de Nabokov, par exemple. âą Quâavez-vous Ă©prouvĂ© quand une de vos filles sâest mise Ă Ă©crire des romans? De la fiertĂ©. CĂ©cile a commencĂ© tard mais je lâai encouragĂ©e. JâĂ©tais content quâelle ait pris le goĂ»t des mots, de les agencer. Avec tous les livres qui encombraient la maison et qui mâaccaparaient, mes filles auraient pu dĂ©tester la lecture. CĂ©cile est la lectrice qui mâa le plus impressionnĂ©. Je me demande seulement si elle a eu raison de garder mon nom. âą Vous ĂȘtes trĂšs prĂ©sent sur Twitter. Est-ce votre maniĂšre de garder un lien avec le public? Certainement. Câest un moyen de dialoguer avec des gens que je ne connais pas et qui rĂ©agissent, en bien ou en mal. Jâai adorĂ© la contrainte des 140 signes. Elle me rappelait mes dĂ©buts dans le journalisme, quand on me confiait de courts papiers! Maintenant, on a droit Ă 280 signes, câest plus facile! Jâai atteint le million dâabonnĂ©s. Beaucoup me racontent leurs souvenirs dâ"Apostrophes". Certains, dâorigine Ă©trangĂšre, comme des chauffeurs de taxi, me disent quâils ont pratiquĂ© leur français grĂące Ă mes Ă©missions. Cela me rĂ©jouit! âą Bernard Pivot en six dates - 5 mai 1935 Naissance Ă 1958 DĂ©bute au "Figaro" aprĂšs des Ă©tudes de droit et de 1973 Anime sa premiĂšre Ă©mission littĂ©raire Ă la tĂ©lĂ©vision. "Apostrophes" prend le relais de 1975 Ă 1990. Puis "Bouillon de Culture", jusquâen 1975 Cofonde la revue mensuelle "Lire".- 2004 Entre au jury du prix Goncourt, quâil prĂ©side de 2014 Ă 2021 Fait paraĂźtre "⊠Mais la vie continue."Ă lire Guillaume, sorte de double littĂ©raire de Pivot, est un Ă©diteur Ă la retraite. Son plaisir rejoindre son groupe dâamis octogĂ©naires et deviser sur la vie, lâamour et les mouvements du monde. Une vision douce-amĂšre de lâĂąge. "⊠Mais la vie continue", Ă©d. Albin Michel, 19,90âŹ.
BernardPivot n'a fait que donner la parole à un écrivain qui était alors réputé : En 1981, son roman Ivre du vin perdu, loué par Philippe Sollers dans Le Monde, s'était vendu à 20 000 exemplaires. Il était déjà lauréat du prix Mottart de l'Académie française et serait bientÎt officier des Arts et des Lettres.
Bernard Pivot, qui a marquĂ© les belles heures de la tĂ©lĂ©vision française avec Apostrophes, quitte lâAcadĂ©mie Goncourt, dont il Ă©tait membre depuis quinze ans et prĂ©sident depuis cinq ans, a annoncĂ©, mardi, sur Twitter lâassemblĂ©e du prix AcadĂ©miciens Ă qui âŠbernardpivot1â© avait annoncĂ© en juin sa dĂ©cision de se retirer de lâacadĂ©mie fin dĂ©cembre en restant membre dâhonneur lâont fĂȘtĂ© chez Drouant ! Lettre dâEd de Goncourt, grands crus, tableau littĂ©rature et oenologie pour lui dire merci ! AcadĂ©mie Goncourt AcadGoncourt December 3, 2019 Pour retrouver un libre et plein usage de son temps, Ă 84 ans Bernard Pivot a dĂ©cidĂ© de se retirer de lâAcadĂ©mie Goncourt Ă partir du 31 dĂ©cembre. Il en Ă©tait membre depuis 15 ans, le prĂ©sident depuis 5 ans. Il en devient membre dâhonneur », a annoncĂ© lâAcadĂ©mie sur Twitter, quelques semaines aprĂšs avoir rĂ©compensĂ© le romancier Jean-Paul Dubois pour Tous les hommes nâhabitent pas le monde de la mĂȘme façon LâOlivier.Lâhomme qui fit entrer la littĂ©rature dans le salon des FrançaisAnimateur dâĂ©missions culturelles Ă la tĂ©lĂ©vision française, grand connaisseur de la littĂ©rature, Bernard Pivot est devenu en 2004 le premier non-Ă©crivain cooptĂ© Ă lâacadĂ©mie Goncourt. Il a remplacĂ© Edmonde Charles-Roux aux fonctions de prĂ©sident en janvier 2014. Avec Apostrophes, lâĂ©mission littĂ©raire la plus cĂ©lĂšbre de la tĂ©lĂ©vision, Bernard Pivot est lâhomme qui fit entrer la littĂ©rature dans le salon des Français. Ce fou de littĂ©rature, dĂ©fenseur acharnĂ© de la langue française et ami sincĂšre des mots, a animĂ© durant 15 ans de 1975 Ă 1990 lâĂ©mission littĂ©raire qui, chaque vendredi, Ă©tait suivie par des millions de dâĂȘtre dans Le Petit Larousse »VĂȘtu de la blouse grise des instituteurs dâautrefois, Bernard Pivot est aussi celui qui tenta de rĂ©concilier les Français avec lâorthographe en organisant, Ă partir de 1985, Les Dicos dâor, cĂ©lĂšbre championnat dâorthographe qui a remis la dictĂ©e au goĂ»t du jour. Cette appĂ©tence pour la langue française remonte Ă loin, expliquait Bernard Pivot en mars 2016 Ă lâoccasion de la prĂ©sentation de son livre Au secours ! Les mots mâont mangĂ© aux Editions Allary. Je suis un enfant de la guerre. JâĂ©tais rĂ©fugiĂ© avec ma mĂšre dans un petit village du Beaujolais, et mes seuls livres Ă©taient un dictionnaire et les fables de La Fontaine. La Fontaine me parlait de zĂ©phyr ou dâaquilon, et Le Petit Larousse me renseignait sur ces mots Ă©tranges », avait-il confiĂ©. Une de ses plus grandes fiertĂ©s est dâĂȘtre entrĂ© dans le Petit Larousse en 2013. Amateur de vin et de footballHomme de lettres, au sens propre, il nâa Ă©crit Ă ce jour que deux romans Lâamour en vogue 1959 et Oui, mais quelle est la question ? 2012. En parallĂšle, il est lâauteur de plusieurs essais, sur la langue française, mais aussi sur ses deux autres grandes passions le vin et le Ă Lyon le 5 mai 1935 dans une famille de petits commerçants, il a passĂ© son enfance dans le Beaujolais et Ă©tait connu pour ĂȘtre un amateur Ă©clairĂ© des vins de ce terroir. On lui doit notamment un Dictionnaire amoureux du vin Plon, 2006 qui fait autoritĂ©. Fou de foot, il est restĂ© fidĂšle Ă lâAS Saint-Etienne et Ă lâĂ©quipe de et twittoCes derniĂšres annĂ©es, Bernard Pivot a Ă©tĂ© trĂšs actif sur Twitter avec plus dâun million dâabonnĂ©s, partageant ses humeurs et ses vues. Mais, au-delĂ de toutes ses activitĂ©s, câest en tant que journaliste quâil aime se dĂ©finir. AprĂšs un passage au ProgrĂšs de Lyon, il entre au Figaro littĂ©raire en 1958. Chef de service au Figaro en 1971, il dĂ©missionne en 1974 aprĂšs un dĂ©saccord avec Jean dâOrmesson. LâacadĂ©micien aux yeux bleus sera nĂ©anmoins le recordman des passages dans les Ă©missions littĂ©raires de Pivot.
tymE4UY. 142 418 362 451 364 143 431 34 145
pour bernard pivot il etait de culture