Lettreouverte Ă  Sacha Guitry. Livres & BD. Propos recueillis par Isabelle Blandiaux PubliĂ© le 12-04-02 Ă  07h00 L'acteur et Ă©crivain Jean Piat brosse une antibiographie de l'homme de théùtre BRUXELLES Je vous aime bien, monsieur Guitry! En guise de titre, une dĂ©claration qui Ă©mane de la bouche d'un acteur hors pair, Jean Piat. A 77 ans, il livre non pas un ennuyeux Marcel Zannini, 28 juin 2017 Marcel Zannini, dit Marcel Zanini, est un musicien de jazz saxophone tĂ©nor, clarinette, chant nĂ© le 7 septembre 1923 Ă  Constantinople Empire ottoman. Sommaire 1 Lien avec Marc-Édouard Nabe 2 Citations Marcel sur Nabe Nabe sur Marcel 3 IntĂ©gration littĂ©raire 4 Notes et rĂ©fĂ©rences Lien avec Marc-Édouard Nabe Marcel Zannini est le pĂšre de Marc-Édouard Nabe, conçu Ă  New York, oĂč Marcel et sa femme Suzanne vivaient entre 1954 et 1958. À cette pĂ©riode, Marcel travaille dans une boutique d’anches et rencontre de grands musiciens de jazz, dont John Coltrane, Charlie Parker et Billie Holiday. En mars 1955, Zanini prend les derniĂšres photos de Charlie Parker jouant au Birdland avec Bud Powell, Charles Mingus et Art Blakey. De retour en France en 1958 pour la naissance d’Alain Zannini, il continue sa vie de chef d’orchestre Ă  Marseille puis, en montant Ă  Paris, connaĂźt un succĂšs fulgurant en janvier 1970 avec Tu veux ou tu veux pas ?, avant que Brigitte Bardot n’enregistre sa propre version du titre. Zanini fera profiter au futur Nabe de sa pĂ©nĂ©tration du monde du showbiz aprĂšs son tube », ce qui permettra Ă  l’écrivain Ă  venir d’emmagasiner tout un tas de connaissances du milieu du music-hall et de la chanson française. Zanini intĂšgrera son fils dans diffĂ©rentes Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision ainsi que des sĂ©ances photos. Zanini et les camarades de classe d’Alain, tous portant un masque de son pĂšre, sauf un... Boulogne-Billancourt, 1971 Amateur de peinture Matisse, Modigliani, LĂ©ger.., Zanini est surtout un passionnĂ© de Picasso dont il a transmis le goĂ»t trĂšs tĂŽt Ă  son fils. En littĂ©rature, totalement autodidacte, Zanini sera un lecteur de Montherlant, Giraudoux, Pirandello, Wilde et Tchekhov... Mais c’est surtout CĂ©line qui domine totalement sa culture ». Et c’est bien sĂ»r grĂące Ă  Zanini que Nabe lira l’auteur de Rigodon. Musicalement, ayant fait baigner le futur Nabe dans le jazz avant mĂȘme sa naissance, il a encouragĂ© et suivi le parcours instrumental de son fils, passĂ© du piano au trombone, du trombone Ă  la batterie, et de la batterie Ă  la guitare. Le pĂšre engagera le fils dans son orchestre dĂšs l’ñge de 17 ans, ce qui permettra Ă  Nabe de pratiquer la guitare, de cĂŽtoyer les musiciens et d’approfondir sa connaissance du jazz de l’intĂ©rieur avec notamment Sam Woodyard et François Rilhac.... Pendant des dĂ©cennies, bien des aventures pas toutes racontĂ©es encore dans les livres de Marc-Édouard Nabe ont eu lieu entre les deux personnages. Le Zanine », comme l’appelle Nabe dans son Ɠuvre, a fait d’abord l’objet de tout un chapitre du RĂ©gal, TempĂȘte sous une moumoute », et a plus largement une place particuliĂšre dans toute l’Ɠuvre de l’écrivain les journaux intimes surtout. Zannini est transposĂ©, sans nom, en clown dans Le Bonheur 1988[1] et en aveugle dans Je suis mort 1998[2]. Il apparaĂźt, Ă  l’ñge de 92 ans, plusieurs Ă©pisodes de la sĂ©rie des Éclats de Nabe » en 2015. Citations Marcel sur Nabe Fais gaffe... » La VĂ©ritĂ© n°3, janvier 2004 Nabe sur Marcel Lundi 29 aoĂ»t [1983]. - Deux jours aprĂšs Lester, c'est au tour de Parker d’avoir pu avoir soixante-trois ans ! Un jeune retraitĂ© qui soufflerait ses bougies Ă  la mitrailleuse ! Cette commĂ©moration intime est l’occasion pour le Zanine de ressortir ses souvenirs d’AmĂ©rique que je connais par cƓur et qui me ravissent toujours. Pour mon pĂšre, la vie est une extase. Et l’art en est le seul responsable toutes les misĂšres sont sans importance pour un artiste. L'artiste amateur ou crĂ©ateur est sauvĂ© d’avance parce qu’il a la chance d’apprĂ©cier les choses de la beautĂ©. La Nature lui a donnĂ© ce sens alors qu’elle le refuse Ă  bien d’autres, qui n’ont pas plus de raison de vivre que de mourir. LArt, pour Marcel, rend futile la pire des agonies. L’Art, cest la libertĂ© en soi, pour toujours. La plus fantastique machine d'exaltation et de bien-ĂȘtre c’est le plus beau des remĂšdes. Je suis loin de cette idĂ©e, inutile de le dire. C’est une conception de musicien. » Nabe’s Dream, 1991, p. 83 Samedi 8 octobre [1983]. — 21 ». ArchibourrĂ© Ă  craquer. Les gens attendent dehors pour descendre Ă©couter Grif. Je suis devenu le prince ici. Un oiseau dans la jungle. Marcel arrive. Il m’apporte des affaires propres. Je vais dans les chiottes me mettre en costume noir et nous Ă©changeons nos cravates. Je passe par cƓur en Aristide Bruant morbide. La foule s’accroĂźt. Charlie a le tiroir-caisse qui fait des sauts pĂ©rilleux arriĂšre. Slim Gaillard est encore lĂ , nous plaisantons ensemble. Au deuxiĂšme set, mon pĂšre, mort de peur, est invitĂ© par Griffin pour une jam. Les gens hurlent de joie. Ils attaquent Just friends et trĂšs gentiment Grif laisse le Zanine dĂ©vider ses chorus mal assurĂ©s mais pleins de son. Tout cela est vidĂ©ofilmĂ©. AprĂšs le triomphe, le petit gĂ©ant insiste pour que Marcel continue. Beaucoup plus dĂ©contractĂ©, il se lance alors dans un blues en sol formidable oĂč la rythmique tourne comme une table hantĂ©e. C’est l’hystĂ©rie dans le club. LĂ  papa joue vraiment trĂšs bien. Beau dĂ©coupage lesterien, bonne mise en place, bonne anche. Je crois rĂȘver. Le fils mettant le pĂšre sur un coup ! Jouer avec Griffin a certainement Ă©mu profondĂ©ment Marcel. C'est une de mes rares satisfactions depuis plus de deux mois. Slim le fĂ©licite aussi sur son mĂ©lange de Lester et de Byas. Ça vibre pour le petit pĂšre. Baume. » Nabe’s Dream, 1991, pp. 133-134 Mardi 1er novembre [1983]. — Marcel drague au restaurant un cageot immonde comme lui seul en a le goĂ»t. J’ai honte d’arriver au Petit Journal avec une telle fille. C’est sa spĂ©cialitĂ© ! DĂšs qu’il y a une belle femme, il fait le timide ; les ailes ne lui poussent que lorsqu’une caisse est assez tordue pour mordre Ă  ses minauderies ridicules de crooner vieillot. » Nabe’s Dream, 1991, p. 156 Samedi 7 janvier [1984]. - Bonne discussion avec mon pĂšre au sujet de Mesdames, Messieurs qu’il trouve un peu trop aigri. Je suis comme le prince de ce conte qui fit pendre le peintre de son royaume parce qu’il montrait dans ses tableaux une trop belle vision du monde. Ce sont les enfances trĂšs heureuses qui font les malheureux j’en suis sĂ»r... Le Zanine trĂšs en verve me parle de l’art et de sa stagnation universelle, de l’histoire du jazz, de l’oreille faussĂ©e de la jeunesse pernicieusement humiliĂ©e par le boum-boum de la nouvelle musique populaire le rock, des thĂšmes dĂ©modĂ©s de Parker si c’est pas lui qui les joue, des bienfaits artistiques des guerres, du trio du siĂšcle Parker-Picasso-CĂ©line, et de l'espĂ©rance de nouveaux messies quĂ­ se font attendre... Nabe’s Dream, 1991, p. 213 Mercredi 25 janvier [1984]. — De retour de province, Marcel ramĂšne de trĂšs vieux et prĂ©cieux 78 tours que la veuve d’un vieil ami lui a confiĂ©s. Nous Ă©coutons religieusement ces reliques Ă©raillĂ©es de concerts marseillais des annĂ©es 50 oĂč Marcel, Arvanitas, LĂ©o Missir et Jean-Pierre accompagnent Don Byas ! Ils n'avaient peur de rien ! Allen’s alley ; Robin’s Nest, en pleine fraĂźcheur ! Zanine Band and Byas !... Quels souvenirs ! Ils avaient tous dans l'orchestre douze mois d’instruments dans les doigts. Marcel a bien gardĂ© sa sonoritĂ© on dirait Zoot Sims sur certains sillons il perd un peu les pĂ©dales dans les tempos rapides... These foolish things, How high the moon, Whispering, All the things you are sont encore Ă©tayĂ©s d’arrangements un peu prĂ©somptueux... C’est le bop de la pĂ©tanque ! Les grands moments sont les tonitruantes entrĂ©es de Don Carlos, ses cascades lyriques sous les ponts des anatoles, et une belle version touffue de la dĂ©chirante Laura ! Je lis Ă  pleine voix les arrangements de postures du cher DolmancĂ© ! Ma mĂšre se bouche les oreilles pendant que Marcel s’écroule de rire ça marche, comme sur Jean-Pierre... Tous les hommes doivent rire, c’est le test, le test d’humour! Les femmes ne peuvent pas rire de Sade, d'abord parce qu’elles n’ont ni humour ni imagination, et surtout parce qu elles ne peuvent pas jouir. » Nabe’s Dream, 1991, p. 237 Vendredi 24 fĂ©vrier [1984]. – Je rĂ©cupĂšre Rubis que javais demandĂ© Ă  Marcel de m’apporter pour Henric. En nous ramenant en voiture, il m’avoue qu’il a lu les premiĂšres pages, s’autorisant un droit que je lui ai toujours refusĂ© ! Et c'est lui qui crie au scandale. Il a apprĂ©ciĂ© le dĂ©but de l’aventure, mais a dĂ» s’arrĂȘter net, dĂ©goĂ»tĂ© et rebutĂ© par ma stance au sujet de StĂ©phane Grappelli, anodine griffure qui rĂ©prouve violemment “TrĂšs bon musicien de caf’ conc’, mais pas de jazz. Il a gĂąchĂ© tous les enregistrements de Django Reinhardt ! Je ne peux pas le supporter avec ses chemises bariolĂ©es "ça-va-avec-tous-les-repas" et ses envolĂ©es pompelardes de prĂ©cieuse ridicule ! Heureusement, il n'en a plus pour longtemps son violon sent le sapin.” — C’est la Diffamation qui t’attend ! EnlĂšve ça ! C'est une honte ! Son violon sent le sapin... Tu ne te rends pas compte ! me lance-t-il en dĂ©marrant. HilaritĂ© d’HĂ©lĂšne, Est-ce ma faute Ă  moi si je prĂ©fĂšre Ray Nance ? » Nabe’s Dream, 1991, p. 291 Au dĂ©but, on peut croire Ă  une absence, une distraction gĂ©nĂ©rale comme ça qui se pose sur sa frĂ©quence de rĂ©alitĂ©, par trous divers, par brouillages ainsi, mais bien vite on voit qu’il s’agit d’une fuite, d’un refus voulu depuis si longtemps qu’il ne le maĂźtrise mĂȘme plus. DĂšs que vous lui adressez la parole, il se dĂ©branche. Au bout, de deux secondes, il n’y a plus d’yeux, vous le voyez chavirer, c’est fini. Il a les yeux qui ne vont pas avec le regard. C’est instinctif chez lui Ă  peine quelqu’un lui parle qu’il se dĂ©connecte, il enlĂšve une prise en lui, il se met dans une incapacitĂ© d’écouter, de comprendre, de rĂ©agir Ă  ce qu’on lui dit qui le protĂšge de tout. Quelle merveilleuse technique ! Mon pĂšre ne se fait pas chier dans l’existence. Ce que les autres disent ne l’intĂ©resse absolument pas il connaĂźt d’avance. Seule le rassemble la musique le reste, ça le laisse s’envoler, s’éparpiller, s’effilocher filandreusement dans l’atmosphĂšre comme une blanquette mentale... C’est quelque chose qui donne la chair de poule. À peine on commence Ă  parler, il s’éteint. Il ne faut pas essayer de lui faire comprendre, le persuader, le convaincre, encore moins lui raconter quelque chose les rĂ©cits, c’est physique, il dĂ©croche immĂ©diatement, vertigineusement... Byzance, c’est un homme qui ne participe Ă  rien de la vie. Il n’écoute pas. Il ne voit rien. C’est l’inattentif par excellence. Il ne fait mĂȘme pas semblant d’écouter. Il fuit en courant devant le moindre effort. On dirait Ă  voir sa mine Ă©ternellement sinistre qu’il est plein de soucis. Il se demande simplement comment gagner sa vie le lendemain. Nous avons toujours vĂ©cu vraiment au jour le jour. Il a la chance de gagner sa vie avec sa clarinette, car il fait partie de ces types – j’en suis un atroce autre plus dĂ©cidĂ©, plus butĂ©, plus ingrat – qui sont incapables d’autre chose. Miraculeusement, depuis quarante ans, il ne s’est jamais arrĂȘtĂ©. Il n’y a jamais eu de problĂšme d’argent chez nous quand Byzance revient d’une gĂąche, il balance les liasses sur la table chacun se sert ma mĂšre est la reine de la gĂ©rance, sans elle on serait sous le pont de l’Alma... On prend les miettes qui restent, de quoi acheter un disque de Miles ou la PlĂ©iade de VallĂšs ! ... C’est ça le plus beau tout infirme mental qu’il est, il reste encore le plus lucratif, le plus utile, le plus populaire et le plus disponible. C’est qu’il se rĂ©gale, rĂ©solument. Proportionnellement Ă  l’angoisse nausĂ©euse de la vie, de tous les ĂȘtres humains qui essaient de s’en sortir on se demande pour entrer oĂč ?, c’est mon pĂšre qui s’amuse le plus. Avec sa clarinette il oublierait tout s’il avait encore quelque chose Ă  oublier mais tout a Ă©tĂ© oubliĂ© d’avance. DĂšs qu’il souffle, il ne pense plus Ă  rien. Et quand il ne joue pas, il ne pense qu’à une chose Vivement que je joue pour ne penser Ă  rien. » Il ne se passe plus rien dans sa tĂȘte quand il souffle ses notes d’ébĂšne d’une dĂ©licatesse quasi rĂ©pugnante. Il est arrivĂ© Ă  vivre de sa clarinette, c’est-Ă -dire qu’on le paie pour ne penser Ă  rien ! De plus, il est plus viril que moi. A la fois pratique et fou. Il ne comprend rien et oublie tout, il ne peut pas aligner deux phrases, ni raconter quelque chose, il distrairait la Distraction elle-mĂȘme, il est excessivement dĂ©tachĂ© de certaines contingences torrides, et par-dessus tout ça, il arbore un bon sens insupportable, une logique d’une mauvaise foi rĂ©voltante, un raisonnement d’un fonctionnel et d’une impeccable cohĂ©rence il peut rĂ©soudre tous les problĂšmes d’ordre pratique, maĂźtriser les lieux et les dates, les croisements et les rendez-vous c’est son plaisir. Il est passionnĂ© par les horaires, par exemple des journĂ©es entiĂšres il travaille comme un savant fou Ă  ça, les gens viennent lui demander des conseils sur leurs ennuis de trains, d’avions, comment faire correspondre les changements, le chemin le plus rationnel, la meilleure heure pour les bouchons... Pour la fĂȘte des soi-disant pĂšres, je lui ai offert les ƒuvres complĂštes de la et d’Air Inter avec les vols bleus et tout ! huit volumes... ... Mon pĂšre, c’est quand mĂȘme un monde. C’est un cas de force majeure. Sa tĂȘte Ă  la Edgar Poe, tragique et engloutie, emmerdĂ©e de soucis Ă©nigmatiques, est l’une des choses qui me font le plus rire au monde. DĂšs que je le vois, je vais mieux. Dans quelque Ă©tat oĂč je me trouve, dĂšs qu’il m’apparaĂźt j’ai un rire nerveux qui me pince le cƓur. Sa philosophie roublarde d’odieux dĂ©tachement est si clairement affichĂ©e, que je suis heureux d’avance des catastrophes, des agacements, des malentendus et des dĂ©routes qu’elle va provoquer. Quand il y a des soirĂ©es, on nous met aux deux bouts de la table, surtout pas ensemble sinon on dĂ©noue nos codes, on se fait rire, on dĂ©conne trop ça vous casse un dĂźner ! Byzance n’a pas de vie intĂ©rieure. Il n’a aucun problĂšme psychologique. Il a une vie parallĂšle qui suit son cours, imperturbable et majestueuse de dĂ©tachement complet, totalement Ă  cĂŽtĂ© de ce qui se passe, Ă  chaque instant. Il est dĂ©courageant. ... Byzance, qui peut ĂȘtre le type le plus drĂŽle du monde, retombe entre deux traits d’esprit dans l’abrutissement sinistre d’un inspecteur de la RĂ©pression des fraudes. Il est trĂšs bon dans les mots courts. C’est pas un long conteur, encore moins un “foisonnant” il s’épuise vite, il digresse, il se perd dans les relatives et les conjonctions surtout dĂšs qu’il fait attention Ă  sa propre subtilitĂ©, ça l’émeut, il perd le fil. Ariane elle-mĂȘme, lasse de le voir hĂ©siter, se saque vite au loin, hop ! C’est pas un lyrique mon pĂšre, pas du tout c’est pas un descriptif. Incapable de dresser un dĂ©cor, des personnages, de jouer avec son pouvoir d’évocation, de composer ses nuances. ZĂ©ro. Aucun goĂ»t non plus de la mĂ©taphore ou du lieu commun comme ma mĂšre. C’est le roi de la remarque piquante recouverte d’une tonne de sucre, et qui fait mouche. Loukoums empoisonnĂ©s ! Je n’ai jamais vu quelqu’un remarquer Ă  quel point ses petits mots pseudo-anodins peuvent ĂȘtre blessants. Parce qu’il ne faut pas croire trop fainĂ©ant pour ĂȘtre mĂ©chant, mon pĂšre n’a pas moins en lui une sorte de mĂ©pris dĂ©guisĂ© en humilitĂ©, un orgueil naĂŻf, une certitude d’avoir raison, pas du tout affichĂ©e, et enrobĂ©e lĂąchement par une gentillesse trĂšs lĂ©gĂšrement Ă©cƓurante par laquelle il se rĂ©concilie pour un cĂŽtĂ© Ă  la crouillasserie de sa nature ! Ça lui suffit pour ne plus douter de sa “violence”. Il a une maniĂšre de virilitĂ© de la sympathie, et il dit des choses Ă©normes qui passent trĂšs bien. Vexer Ă  cĂŽtĂ© de la plaque lui suffit pour se sentir fort, non enculĂ© par le monde. TempĂȘte sous une moumoute, L’Être au pair », Au rĂ©gal des vermines, 2012 1985, pp. 185-187 + 191 + 192-193 Mardi 26 mars 1985. — SĂ©ance d’enregistrement du quatriĂšme trente-trois tours de Marcel. Le jour n’est pas trĂšs bien choisi. Le quartet revient d’une semaine harassante. Sam est une momie, lente et bougonne. Chebel a baisĂ© toute la nuit sa basse sur sur les genoux... Rilhac et moi, on s’occupe Ă  peine de monter ses caisses que Sam est dĂ©jĂ  au bar du coin Ă  s’enwhiskycocaliser... Pourtant il ne s’enivre pas ce sont les alcools qui s’enivrent de lui. Il s’en pare. Ils sont ses eaux de Cologne. C’est le type qui va au bistro fĂȘter la fin de sa cure de dĂ©sintoxication. AprĂšs chaque morceau il traverse la rue et rĂ©apparaĂźt un peu plus titubant aprĂšs une demi-heure d’absence. Les nerfs de Marcel hĂ©sitent un peu Ă  lĂącher, puis ma bonne humeur et mes sarcasmes parviennent Ă  les retendre, les rĂ©accorder Ă  la situation il Ă©tait un peu bas quand mĂȘme, comme son barillet... Sam n’est pas seul fautif Marcel a une conception dĂ©testable de la maniĂšre d’enregistrer un disque n’ayant absolument rien prĂ©parĂ©, il en fait un bƓuf plus filandreux encore que les autres, une espĂšce de concert pour personne. Un live mort... L’ambiance du studio pĂ©trifie toute spontanĂ©itĂ©. De la musiquette en bocal. Pris Ă  froid vers les 14 heures, nous sommes lĂ  pour jouer les Ă©ternels mĂȘmes thĂšmes ! Ce n’est pas trĂšs stimulant. Sam l’a bien senti qui s’acharne sur l’absurditĂ© de rĂ©pĂ©ter et d’accumuler les prises de Rosetta ou de My Buddy !!! Finalement, mon pĂšre est, par sa paresse, son indĂ©cision, son bordel interne et sa sinistre routine, un grand explorateur de la grĂące rarement mieux que lĂ , je me rends compte que c’est lui qui prend le plus de risques, qui donnant Ă  l’improvisation tout son sens suicidaire. Ce ne sera pas un bon disque, mais il faut se mĂ©fier avec le Zanine, on ne sait jamais il y a des Ă©quilibres que le funambule ne trouve qu’en tombant. » Tohu-Bohu, 1993, p. 952 C’était le 7 septembre. J’avais choisi ce jour-lĂ  pour m’évanouir dans l’atmosphĂšre car c’était l’anniversaire de mon pĂšre. Quel plus beau cadeau aurais-je pu lui faire que celui de ma disparition ? “Tu reviendras dans deux semaines, prophĂ©tisa-t-il stupidement comme pour masquer son futur manque de moi. C’est comme quand tu meurs, on te pleure trois jours, puis on t’oublie. Regarde-moi, si je mourais, tu ne pleurerais pas six mois !” Je laissai papa Ă  ses soixante-dix-sept ans. “DĂ©sormais, je ne pourrai plus lire Tintin...” Et c’est dans cette derniĂšre phrase que mon pĂšre, qui s’appelait Marcel, mit toute la mĂ©lancolique ironie dont il avait Ă©tĂ© incapable pour commenter mes adieux. » Alain Zannini, 2002, p. 12 IntĂ©gration littĂ©raire Au rĂ©gal des vermines 1985 L’Âme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 Nabe’s Dream 1991 Tohu-Bohu 1993 Inch’Allah 1996 Je suis mort 1998 Coups d’épĂ©e dans l’eau 1999 Kamikaze 2000 Alain Zannini 2002 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 Les Porcs tome 1 2017 Patience 3 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Notes et rĂ©fĂ©rences ↑ Marc-Édouard Nabe, Chapitre XXIII ”Papa, ta mĂšre est morte !” », Le Bonheur, DenoĂ«l, 1988, pp. 413-430. ↑ Marc-Édouard Nabe, Je suis mort, Gallimard, 1998, pp. 80-84. v mMarc-Édouard Nabe Livres Au rĂ©gal des vermines 1985 Zigzags 1986 Chacun mes goĂ»ts 1986 L’Âme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 La Marseillaise 1989 Nabe’s Dream 1991 Rideau 1992 Visage de Turc en pleurs 1992 L’Âge du Christ 1992 Petits Riens sur presque tout 1992 Nuage 1993 Tohu-Bohu 1993 Lucette 1995 Inch’Allah 1996 Je suis mort 1998 Oui 1998 Non 1998 Loin des fleurs 1998 et autres contes 1999 Coups d’épĂ©e dans l’eau 1999 Kamikaze 2000 Une lueur d’espoir 2001 Alain Zannini 2002 Printemps de feu 2003 J’enfonce le clou 2004 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 L’Homme qui arrĂȘta d’écrire 2010 L’EnculĂ© 2011 Les Porcs, tome 1 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Les Porcs, tome 2 2020 Presse L’ÉternitĂ© 1997 La VĂ©ritĂ© 2003 - 2004 Patience 2014 - ... Nabe’s News 2017 - ... Tracts Zidane la racaille 24 juillet 2006 Les Pieds-blancs 24 octobre 2006 Et Littell niqua Angot 23 novembre 2006 ReprĂ©sente-toi 1er mars 2007 La Bombe de DamoclĂšs 31 octobre 2007 Le ridicule tue 15 avril 2008 Sauver SinĂ© 20 septembre 2008 Enfin nĂšgre ! 20 janvier 2009 Textes non repris en volume La jambe 1986 Le courage de la fraĂźcheur 1996 La jungle de Bernstein 1997 Les tournesols de Dovjenko printemps 2000 Celui qui a dit merdre mai 2000 Mon meilleur ami juin 2000 Anthony Braxton Ă  l’instant mĂȘme juillet 2000 La mort de Polac automne 2000 L’athlĂšte de la larme 2001 Le Klaxon du fanfaron mars 2003 Le flou Baumann octobre 2003 Glauque Story novembre 2003 Je ne faisais pas bander Chanal novembre 2003 En 2003, le cinĂ©ma est mort dĂ©cembre 2003 L’Oiseau de Dieu mars 2005 Le temps de voir et d’aimer Sirk octobre 2005 Le HuitiĂšme ciel dĂ©cembre 2005 Le vingt-septiĂšme Chorus juillet 2006 Pastorius Ă  mort septembre 2007 Le cauchemar Duvivier mars 2010 L’Eunuque raide printemps 2014 Sur Nabe L’Affaire Zannini 2003 Morceaux choisis 2006 Personnages Georges Ibrahim Abdallah Albert Algoud François Angelier Christine Angot Thierry Ardisson Paco Balabanov Bernard Barrault Jean-Dominique Bauby Guy Bedos Nicolas Bedos FrĂ©dĂ©ric Beigbeder Georges-Marc Benamou Pierre BĂ©nichou Jackie Berroyer Jean-Paul Bertrand Patrick Besson Paul-Éric Blanrue François Boisrond Laurent Bosc GĂ©rard Bourgadier Anthony Braxton Lisa Bresner Renaud Camus Bertrand Cantat Carlos Catsap RenĂ© Caumer François Cavanna Pierre Chanal Jacques Chancel Professeur Choron Kenny Clarke Pierre ClĂ©menti Thomas Codaccioni Daniel Cohn-Bendit Lucien Combelle Marc Dachy Maurice G. Dantec Guy Debord
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LucienGuitry est un comĂ©dien français, nĂ© Germain Lucien Guitry le 13 dĂ©cembre 1860 Ă  Paris 2 e [1], ville oĂč il est mort le 1 er juin 1925.. Il est considĂ©rĂ© comme le plus grand comĂ©dien de son Ă©poque, Ă©gal masculin de Sarah Bernhardt, avec laquelle il a jouĂ© rĂ©guliĂšrement ; il a créé des rĂŽles marquants qui lui ont valu des triomphes internationaux rĂ©pĂ©tĂ©s.
Dans ta peau Sybille a perdu son amour et le leader de son groupe de musique. Perdu au sens littĂ©ral il s’est Ă©vaporĂ© sans laisser de trace, comme le chanteur Alain Kan en 1990. Face Ă  cette disparition, Sybille loue un appartement pour s’y enfermer. Ce lieu va agir comme un rĂ©vĂ©lateur depuis qu’elle est enfant, elle entend une voix au fond d’elle qu’elle a toujours cherchĂ© Ă  faire taire. Cette voix va prendre les commandes de sa vie. Conte fantastique Ă©crit avec l’auteur-compositeur Romain Tiriakian, Dans ta peau aborde la longue quĂȘte pour trouver sa voix/e. Celle au fond de sa gorge et celle dans laquelle on s’embarque. Cette piĂšce charrie aussi l’histoire des crĂ©atrices qui se sont fait passer pour un autre quand il Ă©tait impossible de signer de leur nom. C’est l’histoire d’un travestissement, des masques que l’on doit mettre pour se rĂ©vĂ©ler. NOTE D’INTENTION À l’heure oĂč les artistes sont encouragĂ©s Ă  nous ouvrir une fenĂȘtre sur leur intimitĂ©, souvent factice et bĂątie de toutes piĂšces par des agences de com, on peut questionner le pouvoir d’attraction de l’anonymat, du sans visage qui finalement en devient mille. Comme dans Dorian Gray, le roman fantastique d’Oscar Wilde, il y a dans cette histoire un prix Ă  payer pour entrer dans la lumiĂšre. Sybille fait une sorte de pacte, une nuit. Elle laisse la place Ă  son autre elle » sans savoir si elle pourra le contrĂŽler. Et immanquablement elle se laissera dĂ©passer et devra ĂŽter son masque pour ne pas ĂȘtre aspirĂ©e. » – Julie MĂ©nard EXTRAIT Aveugle, j’ écoute pour la première fois ma respiration Et suis frappée par une conviction Implacable Quelque chose doit se passer Ou cesser Et tout m’ apparaît clair soudain dans le noir Mille possibilités en un instant Et pourtant je n’en vois que deux En finir pour de bon Ou continuer Mais sans moi M’en sortir de moi Changer d’enveloppe Avec le soutien de la RĂ©gion Île-de-France pour l’ÉPAT. DurĂ©e estimĂ©e 1h30 Grande Salle Carte TO Plein tarif 6€ EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit 4€ EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 4€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 4€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 4€ Ahouvi Vendredi 16 dĂ©cembre Ă  19h30 À la suite d’une relation intense, Ă  la fois paradis sensuel et tombeau tĂ©nĂ©breux, IL est Ă  bout, il ne peut plus, il coule, il cherche une nouvelle forme de vie en quĂȘte de libertĂ©. ELLE nous raconte leur histoire, depuis le premier jour, comme si le pouvoir de celle-ci lui permettait de la garder Ă  l’abri d’une nouvelle tant redoutĂ©e. Au centre de leur vie conjugale, il y a le fruit de la rĂ©colte – le chien, le dĂ©ni. C’est par cette prĂ©sence animale que la tragĂ©die nous engloutit, que l’histoire se fond. Ahouvi, en hĂ©breu, veut dire mon amour ». Ahouvi est une histoire d’amour entre un Français et une IraĂ©lienne, la sĂ©paration d’un couple face Ă  la violence et la destruction, mais aussi face Ă  la beautĂ© d’un champ de bataille. Ce texte est un hommage, un hymne Ă  la vie et un oratorio de la douleur. NOTE D’INTENTION À l’ñge de 18 ans, 4 mois avant de commencer mon service militaire comme soldat israĂ©lien Ă  Gaza, j’ai créé ma premiĂšre piĂšce, Sous le ciel bleu et des nuages blancs. 24 mois plus tard, j’ai dĂ©sertĂ© le service militaire, et entachĂ© Ă  jamais ma citoyennetĂ© israĂ©lienne. C’était le dĂ©but d’une recherche, d’un voyage, d’un questionnement autour de mon rĂŽle comme occupant, comme un juif israĂ©lien conscient de sa responsabilitĂ©. Je ne suis pas lĂ -bas. Mais l’espace est toujours vivant dans mon corps. J’habite en France depuis presque 9 ans quand je commence Ă  Ă©crire Ahouvi au dĂ©but de l’étĂ© 2021. J’ai en tĂȘte mon projet d’écriture Adesh, nouveau volet du travail artistique que je mĂšne autour de mon identitĂ© israĂ©lienne et de la relation avec mon pays. Dans cet opus j’aborde le conflit israĂ©loarabe vu depuis lĂ -haut, vu par les oiseaux de la Cisjordanie oĂč j’ai sĂ©journĂ© pendant 2 mois en rĂ©sidence de recherche. Mais pendant ce travail d’écriture, pendant ce dialogue intime et intĂ©rieur, alimentĂ© par l’inquiĂ©tude que je ressens face Ă  la montĂ©e du nationalisme en France, les choses ont radicalement changĂ© pour moi en tant qu’auteur je veux rester en France, je veux parler d’amour, de l’amour que j’ai pour la France et de l’inquiĂ©tude que je ressens pour l’avenir de ce pays. C’est ici que je me sens plus libre, plus fragile, plus vivant. Ce pays est mon refuge mais j’ai peur de ne plus pouvoir rester ici. Je ne vois plus la France avec les mĂȘmes yeux, avec le mĂȘme regard, que quand je suis arrivĂ©. Je ne sais pas oĂč elle est. Je la cherche. J’ai besoin de parler d’amour parce que je suis encore ici. J’ai besoin de parler d’amour pour me prĂ©parer au moment oĂč l’on se sĂ©parera, au moment oĂč rien ne sera plus pareil. C’est le temps du mythe qui rejoint la rĂ©alitĂ©. Cet Ă©tĂ© j’ai dĂ©cidĂ© de m’écouter, j’ai Ă©crit et terminĂ© le texte de Ahouvi d’un seul geste, mĂȘme si, au dĂ©but, ce changement de projet m’a perturbĂ©. Il est sorti de mon corps, en urgence, comme si je l’avais vomi ». C’était douloureux et merveilleux en mĂȘme temps. Je l’ai terminĂ© fin aoĂ»t 2021, ce n’est plus Adesh, mais Ahouvi. Le titre a changĂ© et l’histoire a pris sa libertĂ©. Bien Ă©videmment, la toile de fond est toujours la relation avec mon pays, IsraĂ«l. Mais cette fois-ci je veux en parler comme une relation plus intime, amoureuse, sentimentale. Et j’ai dĂ©cidĂ© de reporter Ă  plus tard la crĂ©ation de Adesh. Je suis un voleur, je vole la vie, la mienne et celle des autres et je les mĂ©lange avec la fiction. La fiction c’est ma libĂ©ration. En utilisant le trouble, l’humour et l’autodĂ©rision, mon nouveau rĂ©cit prend la forme fĂ©roce d’une histoire d’amour et relate la rupture d’un couple, France-IsraĂ«l en quelque sorte. Une histoire d’amour que j’ai vĂ©cu avec la France et en France depuis mon arrivĂ©e, depuis neuf ans. Une histoire qui raconte, de façon clandestine, ce que c’est que d’ĂȘtre Ă©tranger dans un pays, et les rĂ©percussions que cela peut avoir dans les relations ambiguĂ«s et irrĂ©guliĂšres avec son pays natal. Il s’agit d’affronter la violence quotidienne, cachĂ©e et discrĂšte, jusqu’au moment oĂč l’on devient notre propre ennemi. Il s’agit de vivre l’échec de cette histoire d’amour, d’un point de vue personnel et politique vivre l’écrasement de l’utopie et le dĂ©sintĂ©ressement puis l’abandon de la France depuis le processus de paix d’Oslo commencĂ© en 1993. Sur le plan diplomatique, le gouvernement français Ă©tait partagĂ© entre une amitiĂ© bienveillante et une franche hostilitĂ©. Les relations franco-israĂ©liennes ont toujours Ă©tĂ© marquĂ©es par l’opposition entre le besoin pour la France d’avoir de bons contacts avec un partenaire important au Moyen-Orient et celui de maintenir des relations correctes, voire mĂȘme privilĂ©giĂ©es, avec le monde arabe. Cette thĂ©orie permet de dĂ©mĂȘler les apparentes contradictions de la politique française Ă  l’égard d’IsraĂ«l. C’est la contradiction intĂ©rieure et la complexitĂ© dans la vie de ce couple qui m’intĂ©resse. Je ne suis pas lĂ -bas. Mais l’espace est toujours vivant dans mon corps. Ahouvi devient donc le troisiĂšme volet de la Quadrilogie de ma Terre. C’est le volet de l’amour, Ahouvi est une histoire d’amour. Le premier volet TBM – Tunnel Boring Machine traitait le conflit israĂ©lo-palestinien sous l’angle politique, le deuxiĂšme The Jewish Hour l’abordait sous l’angle de la rĂ©ligion. Enfin, le quatriĂšme, Adesh, nous parlera de l’aspect Ă©conomique de ce conflit et clĂŽturera la quadrilogie depuis lĂ -haut, depuis le ciel de la Cisjordanie. Ce sont quatre objets, quatre Ă©lĂ©ments utilisant le trouble, l’humour et l’autodĂ©rision, mon nouveau rĂ©cit prend la forme fĂ©roce de la rupture d’un couple. Une histoire d’amour que j’ai vĂ©cu avec la France et en France depuis mon arrivĂ©e, depuis neuf ans. Une histoire qui raconte, de façon clandestine, ce que c’est que d’ĂȘtre Ă©tranger dans un pays, et les rĂ©percussions que cela peut avoir dans les relations ambiguĂ«s et irrĂ©guliĂšres avec son pays natal. Il s’agit d’affronter la violence quotidienne, cachĂ©e et discrĂšte dans le couple, jusqu’au moment oĂč l’on devient notre propre ennemi. » – Yuval Rozman EXTRAIT Mais c’est ça l’amour tu comprends pas ?! Ça devient pas mieux, ça c’est l’amour, je te dis, on pĂšte ensemble sous la couette, on fait l’amour follement, je te prĂ©pare ton boudin blanc et tu appelles ma mĂšre quand j’en peux plus, ça c’est l’amour. » ©DR Avec le soutien de la RĂ©gion Île-de-France pour l’ÉPAT. Carte TO Plein tarif € EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit € EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs € Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes € ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres € TRIGGER WARNING lingua ignota Jeudi 24 et vendredi 25 novembre Ă  20h 3h58. Une chambre mansardĂ©e. Murs en briques grises. Une fenĂȘtre. Zed s’affale dans son lit, plaque son visage dans un coussin, puis relĂšve la tĂȘte. Des Ă©couteurs Ă  ses oreilles, des cheveux en pĂ©tard, roses, verts ou bleus, du fard Ă  paupiĂšres rose, vert ou bleu, un gros trait d’eyeliner, de longs faux-ongles noirs. Zed scrolle sur son smartphone. Le trigger warning, pratique rĂ©pandue dans les rĂ©seaux sociaux et les mĂ©dias fĂ©ministes, consiste en un avertissement Ă©crit prĂ©venant qu’un contenu Ɠuvre, article, post, vidĂ©o peut contenir des Ă©lĂ©ments susceptibles de dĂ©clencher ou rĂ©activer un traumatisme psychologique Ă  une personne. NOTE D’INTENTION Une partition sensorielle, plastique, qui suit la mécanique des réseaux sociaux en faisant descendre sur la page et prononcer à l’oral chacun des éléments apparaissant sur l’écran allumé, comme autant de fictions contenues entre les mains de Zed. Une partition qui utilise aussi, au sein du texte, de la musique contemporaine préexistante pour saisir un endroit de l’espace mental du personnage. Une partition pour différentes voix mais un seul corps et un seul objet, un seul corps qui se confond dans l’objet, qui tombe lorsque l’objet tombe, rayonne lorsqu’il s’éclaire. Car sous la matière épaisse du bloc qui forme la langue, il y a le personnage de Zed, et la fiction dont elle est le cƓur, et qui se joue entièrement dans ses doigts, dans les gestes de swipe, clique et verrouillage. Ce n’est pas simplement une expérimentation formelle, mais aussi le déploiement d’un personnage et de son corps, son récit – une tentative de travailler à la fois l’expérience poétique d’un côté, mais aussi l’incarnation, la pure fiction situationnelle, en temps rĂ©el, de 3h58 Ă  5h03 du matin. La fable qui apparaĂźt trĂšs progressivement, en soubassement, est celle d’une cavale tragique sur un smartphone, au cƓur de la nuit. L’histoire d’une tentative de fuite fuite d’une image qui court les rĂ©seaux, d’un raid de harcĂšlement qui rĂŽde, sous-jacent, dans les mains de Zed, fuite d’une relation toxique, d’une amitiĂ© consolatrice. Une fuite de soi, aussi, de ses assignations identitaires. Un Ă©lan pour s’éloigner du spectacle de la destruction de sa propre image, puis de son ĂȘtre, dans l’assaillement et le sacrifice. TRIGGER WARNING, c’est l’histoire d’un corps traquĂ© qui scrolle pour passer Ă  l’image suivante, espĂ©rant, par ce geste rĂ©pĂ©tĂ©, passer Ă  autre chose. » – Marcos CaramĂ©s-Blanco EXTRAIT En haut de l’écran, la croix est Ă  droite pour fermer l’appareil photo, un Ă©crou sur la gauche pour les rĂ©glages, l’éclair du flash est au centre, barrĂ©, un ensemble de pictogrammes orne le cĂŽtĂ© gauche, et sur tout le reste de l’image, le visage, qui comble l’espace du plan, desserrĂ©, laissant dĂ©sormais apparaĂźtre le cou et les Ă©paules, au-dessus du rond central blanc cerclĂ© de blanc clic long rond central le rond central s’emplit progressivement de rouge. Long silence. Wesh c’est Zed. Zed soupire. J’arrive pas Ă  dormir. Silence. Vous aussi quand vous arrivez pas Ă  dormir vous savez plus qui vous ĂȘtes ? Silence. Je sais pas. Zed marche dans la chambre. DĂ©couvrez la playlist du spectacle accessible ici DurĂ©e 1h20 Grande Salle Carte TO Plein tarif 6€ EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit 4€ EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 4€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 4€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 4€ Les Enchantements Au cours de trois journĂ©es de canicule oĂč le temps s’étire, six personnages, trois hommes et trois femmes, dĂ©cident progressivement de ne plus subir la chaleur et de prendre les choses en main pour amĂ©liorer leur quotidien, et si possible en parallĂšle, faire de l’argent. Explorant une langue qui prend sa source dans le bĂ©ton et les barres d’immeuble, Les Enchantements raconte l’histoire d’une jeunesse qui se rĂ©invente face Ă  l’adversitĂ©. Elle parle de rires, d’embrouilles, mais surtout de dĂ©brouillardise, de solidaritĂ© et de la force surpuissante du collectif. EXTRAITS MAÏ – Ouais mais attends sur l’eau y a des moustiques de ouf SO – Les moustiques c’est les eaux stagnantes frĂšre tu racontes quoi MAÏ – ForcĂ©ment y a des flaques CHA – En vrai j’ai un truc bizarre avec les moustiques moi SO – Elle veut quoi elle encore CHA – Bah chkiffe les piqures de moustique chais pas MAÏ – Attends t’es en train dme dire tu kiffes qu’on tpompe le sang SO – Mais t’es tarĂ©e ma parole MAÏ – La go kiffe s’gratter toute la night MO – Ah ouais j’voulais savoir c’est vous qui avez défoncé la balançoire l’aut’fois nan ? LU – La rouge là ah ouais ouais mais attends chte raconte c’est quand on était avec les autres là ils cherchaient les histoires de ouf moi tu m’connais j’veux pas d’problèmes mais jamais il s’approche ça y est c’est bon il fait quoi alors c’est pas j’marche vers lui genre j’vais t’enculer MO – C’est pas ça qu’chte d’mande l’histoire j’la connais juste va réparer LU – Chuis quoi moi réparateur de balançoires MO – Tu casses tu répares LU – Mais t’as fumé toi j’ai autre chose à foutre MO – Tu casses tu répares Avec le soutien de la RĂ©gion Île-de-France pour l’ÉPAT. © tennysan_ DurĂ©e estimĂ©e 1h30 Petite Salle Carte TO Plein tarif 6€ EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit 4€ EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 4€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 4€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 4€ Grand-duc Parlons d’amour. Parlons par la mĂȘme occasion de la mort, deux thĂšmes intimement liĂ©s. En l’occurrence, c’est Ă  travers la mort que l’on parlera d’amour. Un homme est retrouvĂ© mort dans sa baignoire. Ce mort parle mais est-il entendu ? Ă  l’inspecteur chargĂ© d’enquĂȘter. Une enquĂȘte donc, et des entretiens avec cellesceux qui l’ont connu. Entretiens sur les rapports qu’ilelles avaient et sur l’amour qu’ilelles se donnaient. Et Ă  travers ces entretiens, deviner le manque d’amour, le besoin de connexion, le besoin de sens ou de transcendance, deviner la solitude. À travers ces entretiens, chercher une vĂ©ritĂ©, s’il y en a une. NOTE D’INTENTION Alexandre HorrĂ©ard, sur son processus d’écriture Pour parler des rapports entre les gens, l’idĂ©e s’est imposĂ©e qu’il fallait jouer avec la narration. J’ai donc voulu un rĂ©cit portĂ© par un acteur seul, qui parle d’un endroit insolite, la mort, et qui navigue entre les regards croisĂ©s des personnages. Paroles rapportĂ©es, paroles rapportĂ©es Ă  l’intĂ©rieur de paroles rapportĂ©es, paroles rĂ©citatives, paroles injonctives, paroles performatives. Qui navigue Ă©galement entre les tons, entre le dĂ©sespĂ©rĂ© et l’ironique, entre l’intime et le lyrique, entre la fraternitĂ© et la mĂ©chancetĂ©. J’ai voulu suivre l’inspecteur pas Ă  pas, de prĂšs, prĂ©cisĂ©ment, dans les gestes anodins et les pensĂ©es intimes et les attitudes banales. Jouer avec cette prĂ©cision, jouer avec cette banalitĂ©, puis tomber peu Ă  peu dans les abĂźmes de l’angoisse. » – Alexandre HorrĂ©ard Laurent Charpentier, sur sa rencontre avec Alexandre HorrĂ©ard En 2016, je rencontre Alexandre HorrĂ©ard dans un cours de théùtre oĂč il est mon Ă©lĂšve. Nous nous lions d’amitiĂ©, lors de conversations souvent littĂ©raires Thomas Mann, Peter Handke, Georges PĂ©rec. Je le dĂ©couvre trĂšs attirĂ© par le théùtrerĂ©cit » et des formes théùtrales narratives innovantes auxquelles je travaille. Je lui conseille Crimp, Viripaev, Minyana. Quelques annĂ©es plus tard, je dĂ©couvre la premiĂšre piĂšce qu’il a Ă©crite Une grande Ă©tendue d’eau et j’y distingue une audace formelle, une maĂźtrise de la langue et un sens de la capture des dĂ©tails, des symptĂŽmes de l’existence. Plus tard encore, c’est le confinement, je lui suggĂšre en passant d’écrire une piĂšce que j’interprĂšterais. J’évoque mon goĂ»t pour Simenon ou Manchette, la littĂ©rature noire
 Fin du confinement. Alexandre passe me voir avec en main le texte Grand-duc, qui met en scĂšne un inspecteur de police sur une scĂšne de crime. [
] Mettre en scĂšne ce texte Ă©crit sur-mesure » m’a paru Ă©vident dĂšs la lecture, tant il rĂ©pond Ă  mes recherches d’acteur et Ă  mes prĂ©occupations théùtrales depuis plusieurs annĂ©es l’exploration du spectre entre l’incarnation et la narration, le dialogue de ces registres et, dans la variation des jeux, des rythmes et des corps du rĂ©cit, la crĂ©ation d’une théùtralitĂ© qui laisse du champ au regard du spectateur et Ă  son imaginaire. » – Laurent Charpentier Grand-duc a fait l’objet en juin 2021, d’une rĂ©sidence au Studio des auteurs, grĂące au soutien de Théùtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines et de la SACD. Texte Alexandre HorrĂ©ard Mise en scĂšne et interprĂ©tation Laurent Charpentier, assistĂ© de JĂ©rĂ©my Flaum Dispositif scĂ©nographique Gaspard Pinta Conception lumiĂšres LaĂŻs Foulc Conception sonore en cours Conseil chorĂ©graphique Alexandre Nadra Production En Votre Compagnie / Olivier Talpaert Carte TO Plein tarif 20€ 10€ Tarif rĂ©duit 14€ 8€ UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 8€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 8€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 12€ L’Âge de dĂ©truire Vendredi 18 et samedi 19 novembre Ă  20h Au dĂ©but des annĂ©es 1990, Elsa et sa mĂšre emmĂ©nage dans un nouvel appartement. Pour Elsa, sept ans, c’est la dĂ©couverte d’un autre dĂ©cor d’enfance. Pour la mĂšre, jusqu’alors locataire, c’est un changement de statut social auquel elle ne parvient pas Ă  s’adapter. Entre les murs de l’appartement, c’est la violence silencieuse, l’emprise, puis l’abus qui se dĂ©chaĂźnent. Vingt ans plus tard, quand sonne l’heure de quitter les lieux, vient aussi le moment de rĂ©gler ses comptes. Depuis sept ans, Justine Berthillot et Pauline Peyrade explorent les territoires de rencontre entre le mouvement et l’écriture littĂ©raire. L’Âge de dĂ©truire se construit en deux parties. La premiĂšre Ăąge un est une performance acrobatique, le portrait en mouvement d’une femme qui ne parvient pas Ă  occuper son lieu de vie. À Théùtre Ouvert, Justine et Pauline proposent une lecture de la deuxiĂšme partie Ăąge deux, le rĂ©cit d’une jeune femme confrontĂ©e Ă  la vente de l’appartement dans lequel elle a grandi. EXTRAIT Nous avons des mains identiques. Seule l’épreuve du temps permet de les distinguer. Elles prennent chacune leur caractĂšre, se blessent Ă  diffĂ©rents endroits. Nos articulations sont marquĂ©es, l’index et l’annulaire courbĂ©s vers l’intĂ©rieur, ils semblent vouloir se rejoindre. Sa paume est charnue, la mienne creusĂ©e, ses doigts sont plus Ă©pais, plus solides que les miens, frĂȘles encore et espacĂ©s, trop fins pour se toucher quand je les rassemble. Elle ne quitte plus les bagues qui lui viennent de ma grand-mĂšre, elles ont pris chair dans sa chair, comme si les pierres prĂ©cieuses avaient poussĂ© sur ses phalanges, le mĂ©tal coulĂ© de sa peau. Elles seront Ă  toi, un jour. Je ne la crois pas quand elle dit ça. Il faudrait les scier, dĂ©sincruster le mĂ©tal d’elle. Ce serait un carnage. L’Âge de dĂ©truire est une adaptation du premier roman de Pauline Peyrade, Ă  paraĂźtre aux Éditions de Minuit. Avec le soutien de la RĂ©gion Île-de-France pour l’ÉPAT. DurĂ©e estimĂ©e 50 minutes Petite Salle Carte TO Plein tarif 6€ EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit 4€ EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 4€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 4€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 4€ ZoĂ© et maintenant les vivants Lundi 14 et mardi 15 novembre Ă  20h titre provisoire L’écriture de ThĂ©o Askolovitch Ă©volue entre humour et tragique. Il dĂ©crit la vie telle qu’il la connaĂźt, avec un sourire. AprĂšs 66 jours, monologue sur le combat d’un jeune homme face au cancer créé Ă  Théùtre Ouvert, ThĂ©o Askolovitch poursuit son travail sur le thĂšme de la rĂ©paration. ZoĂ© et maintenant les vivants aborde le sujet du deuil, de la relation que l’on entretient avec les mortes, et avec cellesceux qui restent. Dix ans aprĂšs la perte d’un ĂȘtre cher, le pĂšre, la fille et le fils nous racontent avec dĂ©licatesse les Ă©tapes de leur reconstruction. Ilelles se rappellent l’annonce, l’enterrement, les rites religieux, puis la vie d’aprĂšs et dressent le portrait intime d’une famille qui rĂ©sonne en chacune de nous. EXTRAIT Au loin la voiture se gare et en sortent les personnes en charge de transporter le cercueil. Nola – Papa je crois qu’il y a un problĂšme. Lucien – Quoi ? Nola – Regarde la tombe, c’est normal qu’il y ait une Ă©norme croix dessus ? Temps, les trois se regardent. Lucien – Putain ils se sont trompĂ©s ces cons. Sacha – Mais attends on fait comment lĂ , parce que si mamie elle voit ça elle va mourir elle aussi ! Nola – Faut la faire enlever. Sacha – Ouais mais on va pas ramener un pied de biche au milieu de toutes ces familles en deuil quand mĂȘme ! Lucien – Si on met un grand drap sur le cercueil peut-ĂȘtre que la famille de maman le verra pas. Sacha – T’es sĂ©rieux lĂ  papa ? Lucien – Mais non
 un peu. Nola – Ah mais regardez, il y a une famille qui va vers le cercueil. Sacha – Oh putain c’est pas le nĂŽtre. NOTE D’INTENTION ZoĂ© et maintenant les vivants – titre provisoire, est mon deuxiĂšme projet d’écriture. AprĂšs 66 jours – monologue et seul en scĂšne sur le combat d’un jeune homme face au cancer – c’était logique de continuer Ă  Ă©crire sur le thĂšme de la rĂ©paration, c’était une Ă©vidence. Cette fois-ci, j’ai voulu parler du deuil. De la rĂ©surrection. J’ai dĂ©cidĂ© d’axer l’écriture sur trois personnages le pĂšre, la fille et le fils. Dix ans aprĂšs la perte d’un proche, une famille nous raconte les Ă©tapes de leur reconstruction. Ils retracent leur passĂ© et racontent leur prĂ©sent. Ils se rappellent l’annonce, l’enterrement, les rites religieux, puis la vie d’aprĂšs. Ils se rappellent avec bonheur les souvenirs de celle qui leur a Ă©tĂ© enlevĂ©e. Ils racontent. À quel point passer de l’enfance Ă  l’ñge adulte peut-ĂȘtre brutal ? Les trois personnages sont liĂ©s par leur histoire, mais chacun se rĂ©pare diffĂ©remment avec ses souvenirs. Le deuil est une pĂ©riode de cicatrisation, de guĂ©rison, d’un retour Ă  la vie. J’ai voulu travailler autour du prisme de chaque personnage, comment une mĂȘme situation peut ĂȘtre vĂ©cue de diffĂ©rentes maniĂšres, comment la rĂ©alitĂ© de chacun peut ĂȘtre dissemblable ? Ce rĂ©cit est un puzzle. Dans cette piĂšce, il n’y aura pas de chronologie entre les scĂšnes. Ce seront des moments de vie, qui bout Ă  bout formeront une histoire. Le texte alternera des monologues intimes de chaque personnage, des scĂšnes de vie entre les trois protagonistes, qui confrontent des idĂ©es et des scĂšnes de flashbacks qui retracent des moments de leur passĂ©. J’ai pour habitude d’alterner dans l’écriture l’humour et le tragique ». Raconter la vie comme je la connais, avec un sourire. C’est comme cela, je pense, que ces histoires peuvent rĂ©sonner en chacun. Depuis quelques annĂ©es, je crois qu’inconsciemment je me dirige vers des projets qui parlent de la famille. La famille. C’est peut-ĂȘtre ce qu’il y a de plus important pour moi. Ce texte est une suite logique. J’ai poussĂ© le curseur un peu plus loin. ZoĂ© et maintenant les vivants – titre provisoire est mon deuxiĂšme texte mais aussi ma quatriĂšme mise en scĂšne. AprĂšs Deux FrĂšres, La Maladie de la famille M textes de Fausto Paravidino et 66 jours., je souhaite aussi me recentrer sur la mise en scĂšne, proposer une scĂ©nographie plus lĂ©chĂ©e aprĂšs le plateau nu de 66 jours, tout en gardant le texte et les acteurs au centre. Ce texte parlera de la relation qu’on entretient avec nos morts, et avec ceux qui restent. » – ThĂ©o Askolovitch Avec le soutien de la RĂ©gion Île-de-France pour l’ÉPAT. Texte et mise en espace ThĂ©o Askolovitch Avec Marilou Aussilloux, StĂ©phane CrĂ©pon, Olivier Sitruk À partir de 12 ans DurĂ©e 1h20 Grande Salle Carte TO Plein tarif 6€ EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit 4€ EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 4€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 4€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 4€ Surface de rĂ©paration đŸ–€ Samedi 27 Ă  19h et dimanche 28 aoĂ»t Ă  17h Surface de rĂ©paration đŸ–€ CHANTIER DES AUTEURRICES DU 20 AU 28 AOÛT Avec Antoine Aresu, TimothĂ©e IsraĂ«l, Tatiana Gusmerini, Sarah Hassenforder, Mahaut Leconte, Azilys Tanneau Surface de rĂ©paration đŸ–€ propose un espace de recherche sur l’art du montage, une technique d’écriture Ă  l’Ɠuvre dans la pratique d’autrice/performeuse de théùtre de Sonia Chiambretto. Pendant huit jours Ă  Théùtre Ouvert, de jeunes auteurrices ont partagĂ© leur expĂ©rience de l’écriture et se sont confrontĂ©es Ă  la dramaturgie des unes et des autres. À partir de textes en cours qu’ilelles ont apportĂ© pour ce chantier collectif, ilelles ont Ă©laborĂ© ensemble un rĂ©cit commun, grĂące au montage poĂ©tique de la forme. Suvi de Lettre Ă  une jeune poĂ©tesse LECTURE PERFORMANCE de et par Sonia Chiambretto L’autrice prĂ©sente une lecture performance de sa lettre issue du recueil Lettres aux jeunes poĂ©tesses, paru aux Éditions de l’Arche en 2021. Le texte est paru aux Éditions de l’Arche, dans la collection Des Ă©crits pour la parole ». Sonia Chiambretto est reprĂ©sentĂ©e par L’Arche, agence théùtrale. _____________ ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION Billetterie en ligne 01 42 55 74 40 resa DurĂ©e estimĂ©e 1h Grande Salle Carte TO Plein tarif € EntrĂ©e libre Tarif rĂ©duit € EntrĂ©e libre UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs € Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes € ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres € JUILLET 1961 Été 1961. Chloé et Clarisse vivent dans le même quartier à la porte du centre-ville. Chloé se prostitue pour boucler ses fins de mois et ce jour-là, son client s’avère être un inspecteur de police à la recherche de son père. Clarisse, elle, rythme sa journée en naviguant entre son emploi du matin et celui du soir. Pendant ce temps, leurs filles Mary et Dani, explorent la ville jusqu’à assister à d’inévitables violences, des soulèvements qui remontent jusqu’à leur quartier dans un implacable tempo. NOTE D’INTENTION En 2017, je tombe sur un cliché pris par le photographe américain Garry Winogrand. Hantée par cette image, je plonge dans sa série de photographies prises durant les années 60. Un texte gonflait dans mon ventre nourrit par l’énergie, le mouvement, l’improvisation imposée par ces photos. C’est JUILLET 1961. Mais pourquoi 1961? Pourquoi pas 1963, 1964, 1968 ? Ces années frappantes, saillantes, socialement aux Etats-Unis. Je choisis 1961 parce que c’est une année qui semble plane, une année moins visibilisée. Le but est que l’époque ne prenne pas le dessus sur le texte, mais qu’on reste en conscience du contexte de la Grande Histoire dans le lieu que j’ai choisi Chicago. Cette ville est un personnage de JUILLET 1961. Elle cristallise les tensions sociales et ethniques, puisque c’est de cela qu’il s’agit, de même que les ambitions de consommation, de liberté, de rencontres par le jazz. À travers le regard de deux femmes, je veux interroger les mécanismes de l’immobilisme et du changement. Elles vivent sur le même territoire mais dans deux réalités parallèles. Écrasée par leurs besoins de travailler, elles déambulent dans la ville jusqu’à en devenir l’objet. Leurs enfants les confrontent à la réalité de leur condition sociale. Une génération qui dit non à la violence, et qui pour ce faire l’embrasse peut-être, cette violence. Jusqu’où serait-on prêt à aller pour s’émanciper de sa condition sociale ? De sa dite “assignation”? Le jazz sera au cƓur du projet grâce à mes partenaires le pianiste Roberto Negro et le batteur Sylvain Darrifourcq. Sur le plateau, Ecriture et Musique ne feront plus qu’un. L’axe musical sera travaillé à partir du texte sans en appuyer la narration. Modeler ensemble la prose et le son pour aboutir à une forme adaptable des grands théâtres au petit club, où l’on ne saurait plus dire si on assiste à un concert ou à une pièce de théâtre. En 2021, soixante ans se seront écoulés depuis 1961, une nouvelle génération se confronte à l’héritage historique de leurs parents. Ce spectacle pourrait être accompagné de témoignages, conférences et expositions. » – Françoise DĂŽ CrĂ©ation le 10 janvier 2022 au Théùtre de Vanves AVEC LE SOUTIEN de la Direction des Affaires Culturelles de la Martinique, du ministĂšre des Outre-mer, des Fonds d’aide aux Ă©changes artistiques et culturels pour les Outre-mer FEAC, de La ComĂ©die de Saint-Étienne – CDN, du Théùtre de Vanves – scĂšne conventionnĂ©e d’intĂ©rĂȘt national Art et crĂ©ation pour la danse et les Ă©critures contemporaines Ă  travers les arts, de Théùtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines, du Printemps des comĂ©diennes dans le cadre du Warm up, de la CitĂ© internationale des arts de Paris, de Tropiques Atrium – ScĂšne Nationale de Martinique, de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon – Centre national des Ă©critures du spectacle, de ETC_CaraĂŻbes, des Francophonies – Des Ă©critures Ă  la scĂšne, de L’OdyssĂ©e – L’autre rive – ville d’Eybens, de la fondation FACE, et des services culturels de l’ambassade de France Ă  New-York pour la traduction en anglais par NathanaĂ«l. Remerciements Ă  Adrien Chiquet, Alfred Alexandre et son Ă©quipe d’ETC_CaraĂŻbe. DurĂ©e 1h10 Grande Salle Carte TO Plein tarif 20€ 10€ Tarif rĂ©duit 14€ 8€ UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 8€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 8€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 12€ Salle des fĂȘtes Pour Ă©pargner Ă  son frĂšre Samuel une Ă©niĂšme hospitalisation psychiatrique, Marion dĂ©cide avec sa compagne Lyn de l’associer Ă  leur nouveau projet de vie racheter le site d’une ancienne usine dans un petit village Ă  la campagne pour le rĂ©nover et l’habiter. En s’installant, le trio devient Ă©galement propriĂ©taire des trois Ă©cluses rattachĂ©es au domaine. Mais leur rĂȘve de dĂ©croissance et d’habitat partagĂ© va se heurter Ă  une rĂ©alitĂ© de terrain. La rĂ©gion faisant face Ă  une crue sans prĂ©cĂ©dent, cette acquisition devient le centre d’enjeux politiques auxquels ilelles ne s’étaient pas prĂ©parĂ©es. Dans le huis-clos de la salle des fĂȘtes du village, ilelles sont forcĂ©es d’interroger leur utopie et Ă  se confronter Ă  la complexitĂ© des rapports entre bien commun et propriĂ©tĂ© privĂ©e, ambitions Ă©cologiques et prĂ©caritĂ© sociale. NOTE D’INTENTION L’ailleurs est peut-ĂȘtre aujourd’hui moins l’espace de la conquĂȘte que celui du retour. Pour l’esprit aventurier contemporain, il convient finalement de trouver sa place, mais autrement. Salle des fĂȘtes propose ainsi une rĂ©flexion sur l’utopie comme cet autrement, mais aussi sur la dualitĂ© entre le fait d’agir et celui d’espĂ©rer. Quand il n’y a plus de bonnes solutions », l’espoir est-il pour autant Ă  proscrire ? » – Baptiste Amann EXTRAIT MARION – Alors c’est Ă©tonnant depuis quelques annĂ©es
 chaque fois que j’entends le nom d’une saison j’ai du Vivaldi dans la tĂȘte. En fait c’est pire j’ai la pub pour l’Opel Astra qui dĂ©file mentalement. J’ai un peu honte je dois dire. En matiĂšre de synesthĂ©sie c’est assez pauvre. J’aurais aimĂ© ĂȘtre plus surprenante. C’est tout de mĂȘme un sujet ça ! Ce fantasme Ă  cĂŽtĂ© duquel on marche, et dont on s’éloigne Ă  mesure qu’on grandit. Adolescente je voulais ĂȘtre Arthur Rimbaud sinon rien ; Rimbaud voyait des couleurs dans les lettres de l’alphabet. Moi, quand j’écoute Vivaldi, je vois juste une bagnole. » © Pierre Planchenault PRODUCTION L’ANNEXE COPRODUCTION La ComĂ©die de BĂ©thune – CDN Hauts-de-France, La ComĂ©die de Saint-Étienne, TnBA – Théùtre national de Bordeaux en Aquitaine, Le MĂ©ta – CDN de Poitiers Nouvelle-Aquitaine, OARA – Office Artistique de la RĂ©gion Nouvelle-Aquitaine, Théùtre Dijon-Bourgogne – CDN, Nouveau Théùtre de Montreuil – CDN, Le ZEF – scĂšne nationale de Marseille, Théùtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines AVEC LE SOUTIEN du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, DRAC et RĂ©gion Sud, du Fonds SACD Théùtre. Ce texte est laurĂ©at de l’Aide Ă  la crĂ©ation de textes dramatiques – ARTCENA. L’ANNEXE est conventionnĂ©e par le ministĂšre de la Culture – DRAC Nouvelle-Aquitaine, subventionnĂ©e par la Ville de Bordeaux et la rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine. Baptiste Amann est associĂ© Ă  La ComĂ©die de BĂ©thune – CDN Hauts-de-France, au MĂ©ta – CDN de Poitiers Nouvelle-Aquitaine ainsi qu’au Théùtre Public de Montreuil, Centre dramatique national 2022-2025. Il est Ă©galement artiste compagnon du TnBA – Théùtre national de Bordeaux en Aquitaine. Texte et mise en scĂšne Baptiste Amann Collaboration artistique AmĂ©lie Enon Avec Olivier Brunhes, Alexandra Castellon, Julien Geffroy, Suzanne Jeanjean, Lisa Kramarz, Caroline Menon-Bertheux, RĂ©mi Mesnard, Yohann Pisiou, Samuel RĂ©hault, Marion Verstraeten RĂ©gie gĂ©nĂ©rale François Duguest CrĂ©ation lumiĂšre Florent Jacob CrĂ©ation sonore LĂ©on Blomme Plateau et rĂ©gie scĂšne Philippe Couturier ScĂ©nographie Florent Jacob Construction dĂ©cor Ateliers de la ComĂ©die de Saint-Étienne Costumes Suzanne Aubert, Estelle Couturier-Chatellain Direction de production, diffusion Morgan HĂ©lou Mardi, mercredi 19h30 Jeudi, vendredi, samedi 20h30 Dimanche 16h Carte TO Plein tarif 20€ 10€ Tarif rĂ©duit 14€ 8€ UniversitĂ©s, lycĂ©es, collĂšgesgratuitĂ© pour les accompagnateurs 8€ Associations, groupesĂ  partir de 6 personnes 8€ ComitĂ© d'entreprise, adhĂ©rents Ticket-Théùtres 12€
PierreJules Renard (qui ne retiendra que son second prĂ©nom) est le troisiĂšme et dernier enfant de François Renard (nĂ© en 1824), entrepreneur de travaux publics et de son Ă©pouse Anna Rosa Colin (nĂ©e en 1836). Il naĂźt le 22 fĂ©vrier 1864, Ă  ChĂąlons-du-Maine oĂč le pĂšre travaille alors. Les deux premiers enfants sont une fille, AmĂ©lie
Curieux de nature, Bertrand est toujours Ă  l’affut du moindre petit scoop. PassionnĂ© par le football, il n’est jamais bien loin du ballon rond et de toutes les actualitĂ©s qui en dĂ©coulent. Toutefois, l’évĂšnementiel du showbiz ou de la politique fait Ă©galement partie de ses recherches journalistiques privilĂ©giĂ©es. DĂ©cĂ©dĂ© en 2004 des suites d'un cancer du cĂŽlon, Sacha Distel aura souffert dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie. Plus jeune, il avait dĂ©jĂ  rencontrĂ© des problĂšmes de santĂ© importants. Laurent et Julien ont acceptĂ© d'Ă©voquer ce sujet dans les colonnes du magazine "Ici Paris" en novembre 2021. Sacha Distel est dĂ©cĂ©dĂ© il y a 18 ans jour pour jour d'un cancer du cĂŽlon. Le cĂ©lĂšbre interprĂšte de "La belle vie", aura connu la gloire en tant que chanteur et guitariste dans les annĂ©es 60. Il aura Ă©galement vĂ©cu de belles histoires romantiques avec Juliette GrĂ©co, Brigitte Bardot ou encore Jeanne Moreau, avant de trouver l'amour et fonder une famille avec Francine BrĂ©aud, ex-championne de ski. En revanche, sa santĂ© lui aura souvent jouĂ© des tours . "Il a eu un cancer de la thyroĂŻde au milieu des annĂ©es 1970, suivi d'une opĂ©ration des cordes vocales. Pour un chanteur, c'Ă©tait dur " rĂ©vĂ©lait son fils Julien en novembre 2021 dans les colonnes d'Ici Paris, venu tĂ©moigner des soucis de santĂ© de son pĂšre avec son frĂšre Laurent. "Il a eu un mĂ©lanome de la peau, dont le pourcentage de guĂ©rison n'est que de 2%. Il a fait des chimios, et s'en est sorti. Ensuite, les mĂ©decins lui ont diagnostiquĂ© un cancer du cĂŽlon, trop tard" rajoute Julien. Cette derniĂšre pathologie aura malheureusement Ă©tĂ© fatale Ă  l'artiste. "On est optimistes" Ses deux enfants ont Ă©galement confiĂ© au magazine avoir hĂ©ritĂ© de certains traits de la personnalitĂ© de leur papa, visibles dans leur quotidien. "On est optimistes, ça vient aussi de notre mĂšre ! Sacha Ă©tait trĂšs sensible mais savait dire les choses. Moi aussi. Et je veux pouvoir me demander le jour oĂč je vais partir "Est-ce que j'ai eu la belle vie ?" J'ai une vie trĂšs agrĂ©able, j'ai eu une enfance joyeuse, j'avance, la vie est courte !" ont-il expliquĂ©. Les deux frĂšres n'ont pas eu le mĂȘme parcours de vie. Laurent a rĂ©vĂ©lĂ© avoir appris la mĂ©canique chez un prĂ©parateur de voitures, avant de travailler pour le Paris-Dakar course de rallye, ndlr et dans l'Ă©quipe de recherche et dĂ©veloppement du programme 905 dont Le Mans. De son cĂŽtĂ©, Julien, aprĂšs avoir travaillĂ© dans le sponsoring sportif, s'est lancĂ© dans l'immobilier, et plus prĂ©cisĂ©ment dans la location de chalets et d'appartements de luxe. Aucun d'entre eux n'aura donc hĂ©ritĂ© de la fibre artistique de leur papa... Mais comme le dit si bien le proverbe "Il faut de tout pour faire un monde" ! Abonnez-vous Ă  Purepeople sur facebook
Synonymespour la definition "Le pĂšre, c'Ă©tait Lucien, le fils, c'Ă©tait Sacha" avec la liste des solutions classĂ©s par nombre de lettres Menu . Rechercher. Le pĂšre, c'Ă©tait Lucien, le fils, c'Ă©tait Sacha. Synonymes de "Le pĂšre, c'Ă©tait Lucien, le fils, c'Ă©tait Sacha" DĂ©finition ou synonyme. Nombre de lettres. Lettres connues et inconnues Chers fans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site Vous trouverez la rĂ©ponse Ă  la question Le pĂšre c’était Lucien le fils c’était Sacha . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous n’ouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă  CodyCross Cirque. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et faites exploser votre cerveau. Cette page de rĂ©ponses vous aidera Ă  passer le niveau nĂ©cessaire rapidement Ă  tout moment. 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Paris Ă©tait "sa maĂźtresse", dans la profession, ne semble mieux connaĂźtre Guitry que Francis Huster CrĂ©dit de la photo Carlos Munoz YagĂŒe pour le JDDC'est l'un des plus grands projets de sa carriĂšre. "Un tournant dans ma vie", avoue-t-il, enthousiaste. Le 14 janvier prochain, Francis Huster commencera Ă  filmer le remake de Umberto D, le chef-d'oeuvre nĂ©orĂ©aliste de Vittorio De Sica. Un film monstre pour lequel il s'apprĂȘte Ă  diriger plus d'une cinquantaine de comĂ©diens. Parmi eux, Jean-Paul Belmondo, qui signera lĂ  son grand retour Ă  l'Ă©cran. C'est peu de dire qu'Huster manque de temps. Hier en repĂ©rage, aujourd'hui en rendez-vous avec ses acteurs. Demain, camĂ©ra Ă  la main. Il a pourtant rĂ©pondu prĂ©sent dĂšs qu'il s'est agi d'Ă©voquer Sacha Guitry 1885-1957. Ces deux-lĂ  ne se sont bien sĂ»r jamais trouvĂ©s en prĂ©sence l'un de l'autre. Et pourtant, nul, dans la profession, ne semble mieux connaĂźtre Guitry que Francis Huster. "Je l'ai rencontrĂ© trois fois, confie-t-il. A la tĂ©lĂ©vision, tout d'abord oĂč ses films ont bercĂ© mon enfance. Et j'ai Ă©tĂ© bouleversĂ© parla puissance de ce monstre sacrĂ© qui portait en lui une Ă©poque disparue." Arletty, avec laquelle Huster - une fois adulte - passait des aprĂšs-midi entiers, lui a ensuite prĂ©sentĂ© l'homme. "Avec elle, j'ai dĂ©couvert Sacha l'insolent, le libertin, le rĂ©voltĂ©, mais aussi le fils Ă  jamais orphelin de Lucien Guitry." Enfin, François Truffaut lui a rĂ©vĂ©lĂ© le cinĂ©aste extraordinaire qu'il Ă©tait. Depuis, Francis Huster a multipliĂ© les occasions de retrouver son hĂ©ros. Il lui a consacrĂ© un ouvrage, mis en scĂšne et jouĂ© plusieurs de ses piĂšces."La France Ă©tait sa femme. La Ville LumiĂšre, sa maĂźtresse"Aussi faut-il prendre le temps de l'Ă©couter Ă©voquer Guitry. Sa voix, chaude, fougueuse, si particuliĂšre, charrie toute l'histoire du théùtre pour raconter - au final - Paris dans ce que la ville a de plus beau. Ou de plus odieux. Au fil de cette balade, le comĂ©dien ravive la Belle Epoque, rallume la flamme des AnnĂ©es folles, se cabre pour Ă©voquer l'Ă©puration. "Sans Paris, il n'y a pas de Sacha ", prĂ©cise-t-il. "La France Ă©tait sa femme. La Ville LumiĂšre, sa maĂźtresse. Ils entretenaient une relation saisonniĂšre. Et comme toujours entre deux amants, il s'est lassĂ© et elle a fini par le tromper. "Une liaison exceptionnellement retracĂ©e par Francis Huster, avec une force vibrante et une passion Allais et Renard au 26, place VendĂŽme"NĂ© Ă  Saint-PĂ©tersbourg en 1885, Sacha est arrivĂ© en France avec sa mĂšre lorsque ses parents se sont sĂ©parĂ©s en 1889. Cela n'a pas empĂȘchĂ© son pĂšre, Lucien, de le kidnapper pour le ramener avec lui en Russie en 1890. De retour Ă  Paris un an plus tard, ce dernier s'installe au 26 de la place VendĂŽme oĂč Sacha passe une partie de son enfance entourĂ© d'Alphonse Allais, de Feydeau, de Jules Renard ou de Tristan Bernard, les amis de son pĂšre. Tous lui ont transmis un sens de l'humour juif, une certaine forme de distanciation face aux Ă©vĂ©nements les plus durs. C'est probablement ce qui lui a permis de tenir pendant l'Ă©puration. Si Lucien Guitry Ă©tait considĂ©rĂ© comme le plus grand acteur de son temps, Sacha n'a pas Ă©tĂ© un fils Ă  papa pour autant. Au contraire. Lucien portait si haut le flambeau du théùtre qu'il n'a jamais osĂ© aller sur le mĂȘme territoire que lui. Du coup, il a Ă©tĂ© amputĂ© de tous les grands rĂŽles du classique. Cela lui a coĂ»tĂ© dix ans de sa vie. Et lorsqu'il s'est brouillĂ© avec son pĂšre, il a dĂ» repartir de zĂ©ro. Mais c'est probablement ce qui lui a sauvĂ© la vie."Le 26 de la place VendĂŽme est aujourd'hui occupĂ© par des mariage Ă  la mairie du 16e"Sacha a Ă©pousĂ© Yvonne Printemps Ă  la mairie du 16e. Cette derniĂšre a beaucoup fait pour le rabibocher avec son pĂšre. Les deux hommes s'Ă©taient fĂąchĂ©s Ă  cause d'une femme Charlotte LysĂšs, qui avait d'abord eu Lucien pour amant, avant d'Ă©pouser Sacha. Et avec quelle insolence ! Non content de convoler avec la maĂźtresse de son pĂšre, ce dernier prenait en plus Sarah Bernhardt - le tĂ©moin du mariage de ses parents -, et Feydeau - l'ami de Lucien -, pour tĂ©moins. Avec Charlotte, Sacha a Ă©pousĂ© une mĂšre ; avec Yvonne Printemps, une femme ; avec Jacqueline Delubac, une amie ; avec GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville, une petite fille ; avec Lana Marconi, une Ă©pouse. Mais il n'a jamais trouvĂ© la femme de sa vie. Je crois que c'Ă©tait Arletty. Elle Ă©tait probablement celle Ă  laquelle il Ă©tait le plus attachĂ©. ?J'allais pas Ă©pouser Sacha Guitry, il s'Ă©tait Ă©pousĂ© lui-mĂȘme?, me disait-elle. C'est pourtant elle qui correspondait le mieux Ă  son insolence. Leur couple a manquĂ© Ă  l'histoire du théùtre. On dit souvent que Guitry est misogyne. C'est n'importe quoi. Dans ses piĂšces, c'est l'homme qui trompe, pas la femme. Il Ă©tait fou des femmes. Elles n'ont malheureusement jamais Ă©tĂ© folles de lui. Peut-ĂȘtre parce qu'il n'a jamais su les entendre, mĂȘme s'il savait leur parler."71, avenue Henri-Martin, insolence dans les théùtres privĂ©s"Sacha a dĂ©butĂ© au Théùtre Antoine. Il Ă©tait Ă  l'Edouard-VII comme chez lui. A la Madeleine, il a Ă©tĂ© trahi par Yvonne Printemps. Le Théùtre des Mathurins a, un temps, portĂ© son nom. Les VariĂ©tĂ©s ont Ă©tĂ© sa derniĂšre maison. La vraie demeure de Sacha Guitry se trouvait sur ces scĂšnes privĂ©es parisiennes oĂč il a inventĂ© le théùtre moderne. Avec lui c'en est terminĂ© des longues tirades et des textes ampoulĂ©s. Place Ă  un théùtre neuf, frais, avec de vraies rĂ©pliques portĂ©es par une rĂ©volte Ă  la MoliĂšre, une insolence Ă  la Beaumarchais, une audace Ă  la Feydeau. Ses piĂšces dĂ©cortiquent et attaquent le Paris bourgeois de son Ă©poque. Dans cent ans, je suis sĂ»r qu'on les mettra en scĂšne de façon plus Ăąpre, plus sĂšche, plus proche de la cruautĂ©. Jouer du Guitry est bien plus difficile qu'on ne le croit car il est impossible de tricher. Certes, les acteurs sont rois chez lui. Et il leur offre des rĂŽles sublimes. Mais ce ne sont pas forcĂ©ment des personnages. D'oĂč l'importance de ne pas imiter Guitry. Encore moins de s'imiter soi-mĂȘme. Les Brasseur pĂšre et fils y parviennent Ă  merveille aujourd'hui sur la scĂšne du Théùtre Edouard-VII. Tout comme Jean Piat ou Pierre Arditi."Le Théùtre Edouard-VII, 10, place Edouard-VII, 9e, prĂ©sente "Mon pĂšre avait raison", de Sacha Guitry. Mise en scĂšne de Bernard Théùtre Antoine, 218, bd de Strasbourg, Paris 10e, prĂ©sentera, Ă  compter du 25 janvier, "Le dieu du carnage", de Yasmina consĂ©cration au cinĂ©ma Le Marignan"La premiĂšre du Roman d'un tricheur a eu lieu au Marignan en septembre 1936. Un triomphe. Le cinĂ©ma reprĂ©sente pour Guitry la vengeance du cancre. PlutĂŽt que de se plier aux rĂšgles du 7e art, il les a rĂ©inventĂ©es, en inaugurant la voix off, le flash-back, la prĂ©dominance de l'auteur. Il imagine des gĂ©nĂ©riques inĂ©dits, tourne en extĂ©rieur bien avant la nouvelle vague, rĂ©ussit des cadrages Ă©poustouflants et parvient Ă  nous faire croire Ă  l'impossible. Quant Ă  sa direction d'acteurs, elle est magistrale. Beaucoup ont tournĂ© avec lui. Mais Michel Simon est Ă  mes yeux celui qui a le mieux compris son univers. Tous deux partagent une mĂȘme insolence farouche. Et une mĂȘme perversitĂ©. Il y a chez l'un comme chez l'autre un cĂŽtĂ© ?je ne suis pas ce que vous croyez?. Autant le théùtre de Guitry est profondĂ©ment ancrĂ© dans les AnnĂ©es folles, autant son cinĂ©ma est fondĂ© sur l'universel. Il est mĂȘme politique. La poison est un film gĂ©nial contre la peine de mort."CinĂ©ma Gaumont Champs-ElysĂ©es, 27, avenue des Champs-ElysĂ©es, Paris mains des rĂ©sistants, rue de Grenelle"Le 23 aoĂ»t 1944, des ?rĂ©sistants? sont venus chercher Sacha Guitry chez lui pour l'interroger Ă  la mairie du 7e avant de l'envoyer Ă  la prison de Fresnes. Tout Ă©tait parti d'un article du magazine Life dĂ©nonçant des collaborateurs auxquels il avait Ă©tĂ© inclus. Son chemin de croix s'est achevĂ© en octobre par un non-lieu. Guitry Ă©tait alors le plus grand. Comme Zidane aujourd'hui. Si la guerre Ă©clatait et que Zidane n'entrait pas en RĂ©sistance, on le lui ferait payer de la mĂȘme maniĂšre. Guitry avait pourtant Ă©tĂ© le seul Ă  refuser d'ĂȘtre jouĂ© en Allemagne. Avec Arletty, il a tout fait pour sauver Tristan Bernard et bien d'autres de la dĂ©portation avant d'ĂȘtre trahi par certains qu'il avait aidĂ©s. Certes, Jean Gabin, Claude Dauphin ou Jean Marais se sont engagĂ©s. Guitry, pour qui j'ai un profond respect, n'est pas un hĂ©ros. Juste un homme. Et il a pensĂ© que le meilleur moyen de rĂ©sister, c'Ă©tait de continuer son art. MoliĂšre, Racine et Corneille n'avaient pas fait autre chose en leur temps."Mairie du 7e, 116, rue de Grenelle, rĂŽle au 18, avenue ElysĂ©e-Reclus"Cet hĂŽtel particulier avait Ă©tĂ© construit en 1910 pour Lucien Guitry. Il y a habitĂ© jusqu'Ă  sa mort en 1925, date Ă  laquelle Sacha s'y est installĂ©. A compter de ce jour, il a jouĂ© le rĂŽle de son pĂšre, endossant le personnage de Lucien jusqu'Ă  la fin de sa vie. C'est ce dernier qui collectionnait les ?uvres d'art comme les maĂźtresses. C'est encore lui qui couchait avec ses partenaires, dĂ©pensait un fric considĂ©rable quitte Ă  se couvrir de dettes. Jouant ce rĂŽle-lĂ , Sacha ne pouvait ĂȘtre pĂšre lui-mĂȘme. C'est pour cela qu'il n'a jamais eu d'enfants. A mes yeux, sa vraie maison n'est pas lĂ  mais dans les théùtres privĂ©s parisiens. Ce sont des lieux sacrĂ©s."L'hĂŽtel particulier de Sacha Guitry a Ă©tĂ© dĂ©truit et remplacĂ© par un JDD papier dominical pour demander le Doyen de la part du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Trois fois, l'un des fils de la famille, qui pensait que les plaisanteries de la semaine avaient assez durĂ©, rĂ©pondit "Cambronne" et mĂȘme la quatriĂšme "Re-Cambronne". Or, c'Ă©tait Vincent Auriol lui-mĂȘme qui tĂ©lĂ©phonait pour sa femme, victime d'un petit malaise, Text Notes References About the author Full text Tu as consacrĂ© toute ta vie Ă  ton mĂ©tier,T’y donnant tout fus un modĂšle exemplaire,N’ayant jamais connu qu’un maĂźtre le Public,Et n’ayant eu qu’un but lui Ă  Pierrot le Sublime, in Deburau, Sacha Guitry 1AprĂšs s’ĂȘtre plu Ă  dramatiser les biographies de personnages historiques, Sacha Guitry met en scĂšne la monographie de certaines professions il dĂ©bute par celle de l’acteur avec Deburau 1918 et Le ComĂ©dien 1921. Deux piĂšces, deux mises en abĂźme oĂč Guitry s’attache Ă  porter Ă  la scĂšne les coulisses du théùtre 1 Benjamin CrĂ©mieux, ComƓdia, mars 1938 ; article dĂ©coupĂ© par Sacha Guitry et annotĂ© ... 1924 est l’annĂ©e des Six personnages en quĂȘte d’auteur et, sauf erreur, 1925 est celle de la ComĂ©die du bonheur d’Evreinov. Si Sacha Guitry nĂ©glige la mode, il n’en baigne pas moins, et c’est Ă  sa louange, dans l’air du temps1. 2 Propos de Sacha Guitry rapportĂ©s par Lucien Dubech, Le Matin, 22 janvier 1921. 3 Sacha Guitry, Deburau, in Théùtre et théùtre je t’adore, Paris, Omnibus, 2005, acte I, p. 6 ... 2Par la traversĂ©e des apparences et le redoublement de l’illusion, s’élabore une vision d’un mĂ©tier magnifique et terrible »2, fait de bonheurs autant que de sacrifices. Dans la premiĂšre de ces piĂšces, Jean-Gaspard Deburau, acteur pantomime sans passion, sans parole et presque sans visage, qui dit tout, exprime tout, se moque de tout »3 renonce Ă  ses amours en mĂȘme temps qu’à la scĂšne en faisant un adieu pathĂ©tique Ă  son public, une fois la vieillesse venue ; dans la seconde, le ComĂ©dien sacrifie pour le théùtre une passion amoureuse, la femme aimĂ©e n’étant pas Ă  la hauteur de son rĂŽle. Dans les deux cas, l’art semble un sacerdoce mais aussi un mĂ©tier dont il conviendrait d’exposer la rĂ©alitĂ© aux spectateurs. C’est d’ailleurs en ces termes que Roland DorgelĂšs salue la premiĂšre du ComĂ©dien dans La Lanterne 4 Roland DorgelĂšs, La Lanterne, 22 janvier 1921. Vous ne savez pas, en somme, ce que c’est que la vie d’un homme de théùtre ; vous connaissez le cƓur des personnages qu’il a jouĂ©s, mais pas le sien ; vous croyez connaĂźtre sa vie privĂ©e quand on ne vous a livrĂ© que sa lĂ©gende ; et vous ignorez aussi ce que reprĂ©sente de patients efforts, de travail obstinĂ©, d’intrigues, la mise en scĂšne d’une piĂšce. Eh bien, allez au ComĂ©dien, vous saurez tout cela4. 3Le temps ayant fait son Ɠuvre, nous connaissons dĂ©sormais le sort de ces piĂšces qui furent le prĂ©texte de nombreuses reprises. Deburau fut la piĂšce fĂ©tiche de Sacha Guitry elle fut l’occasion de la rĂ©conciliation avec son pĂšre aprĂšs une brouille de treize ans, et c’est sous les traits de Deburau que Guitry fit ses adieux Ă  la scĂšne le 13 dĂ©cembre 1953, Ă  Bruxelles. DĂšs 1918, Sacha Guitry avait donc imaginĂ© la piĂšce des adieux, toute son Ɠuvre semblant le conduire Ă  un destin prĂ©alablement fixĂ© par l’écriture l’art conditionnerait l’existence mĂȘme en la devançant. Parcours similaire pour Le ComĂ©dien, piĂšce créée en 1921 au théùtre Édouard VII avec Lucien Guitry dans le rĂŽle titre, et reprise au théùtre de la Madeleine en 1938 par Sacha Guitry, l’ñge imposant naturellement d’incarner, aprĂšs son pĂšre, le rĂŽle d’un artiste sur le retour. Reprises qui, tels des cycles, laissent vivre l’Ɠuvre en transformant son sens, les Ă©poques et les interprĂštes ayant forcĂ©ment changĂ©. De ce tremblement, dĂ©coule la sĂ©duction 5 Benjamin CrĂ©mieux, ComƓdia. Lucien Guitry avait créé le rĂŽle du ComĂ©dien. Sacha Guitry le reprend aujourd’hui et s’y impose avec autant d’autoritĂ© que son pĂšre ; l’avouerai-je ? J’y prĂ©fĂšre Sacha Ă  Lucien. Sacha entre sans rĂ©serve dans le personnage ; son pĂšre y montrait je ne sais quel dĂ©tachement un peu supĂ©rieur, un je ne sais quoi qui semblait dire Je condescends ». À la derniĂšre scĂšne seulement, l’intensitĂ© de ses silences exprimait la douleur et la lutte intĂ©rieure du vieil amant sacrifiant son jeune amour Ă  son art Ă©ternel avec une force communicative qui n’est ni dans les moyens ni dans les goĂ»ts de Sacha5. Projet de buste de Lucien Guitry, par Sacha Guitry 4Ces reprises dĂ©clenchent Ă©galement des modifications d’importance, comme le signale Sacha Guitry 6 Sacha Guitry, document dactylographiĂ© enregistrĂ© par Radio-Luxembourg le samedi 16 fĂ©vrie ... À sa crĂ©ation, Le ComĂ©dien Ă©tait une comĂ©die en quatre actes. La piĂšce est, aujourd’hui, prĂ©cĂ©dĂ©e d’un prologue. Ce prologue est le dernier acte d’une comĂ©die en trois actes – d’une fausse comĂ©die, si j’ose ainsi dire. Il existait, ce prologue, mais j’avais prĂ©fĂ©rĂ© le supprimer Ă  la reprĂ©sentation, car il semblait ĂȘtre la parodie, le pastiche d’un Ă©crivain dramatique qui vivait encore en 1921. Cet Ă©crivain n’est plus – et la crainte que je pouvais avoir de le dĂ©sobliger jadis n’ayant plus sa raison d’ĂȘtre Ă  prĂ©sent, nous jouerons pour la premiĂšre fois ce prologue, jeudi. [
] Pourtant, un mot encore que les personnes qui, Ă  la crĂ©ation, ont vu mon pĂšre dans le rĂŽle que je vais jouer me fassent la grĂące de rester sur leur impression6. 7 Le comĂ©dien et son musĂ©e », ComƓdia, janvier 1921. Cf. infra, Le musĂ©e du comĂ©d ... 5Quelles fonctions accorder Ă  ces reprises et variantes ? Inscrivant le théùtre – art de l’éphĂ©mĂšre – dans un continuum temporel, elles en appellent Ă  la mĂ©moire pour combattre l’oubli Sacha Guitry invite le spectateur Ă  la nostalgie en lui proposant de visiter le musĂ©e dĂ©diĂ© aux comĂ©diens pendant les entractes de la reprĂ©sentation, la robe de Sarah Bernhardt dans PhĂšdre, la couronne de Talma dans NĂ©ron, la collection de cannes de Lucien Guitry dans ses principaux rĂŽles Ă©tant quelques-unes des meilleures attractions7. D’oĂč la rĂ©action de Lucien Dubech dans Le Matin 8 Lucien Dubech, Le Matin, 1921, BnF, Fonds Guitry. La gloire des acteurs est Ă©clatante mais elle est viagĂšre. Quand nous voyons ces vieux acteurs se cramponner Ă  leurs rĂŽles et Ă  leur culture moyenne sur les grands comĂ©diens du passĂ©, c’est Ă  peine si quelques noms surnagent d’une mer aussi indiffĂ©rente que le LĂ©thĂ© pour toute l’AntiquitĂ© Roscius, puis plus rien jusqu’aux acteurs qui eurent la chance de rencontrer Racine ou MoliĂšre [
] Plus prĂšs de nous, en un siĂšcle, trois ou quatre noms Lekain, Clairon, Lecouvreur, Favart [
]. Au XIXe siĂšcle, Talma, Rachel, Mars LemaĂźtre, encore un ou deux, mais qui sait ce qu’ont Ă©tĂ© les comĂ©diens illustres de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente ? [
] Lucien Guitry peut bien reprĂ©senter Ă  notre Ă©poque le ComĂ©dien, comme Talma fut Ă  la sienne le TragĂ©dien8. 9 Le ComĂ©dien, film de 1948 ; Deburau, film de 1951. 10 Fragments notamment tirĂ©s de Si j’ai bonne mĂ©moire », Mon Portrait », Portraits et an ... 6Notons enfin les adaptations cinĂ©matographiques des deux Ɠuvres9, la mise en scĂšne engendrant sa propre relativitĂ© en entrant dans un jeu de traductions en boucle. DĂšs les premiĂšres images du ComĂ©dien, on est frappĂ© d’entendre des fragments tirĂ©s des notes et souvenirs de Sacha Guitry10 Ă  la place du prologue – pastiche d’un mĂ©lodrame – prĂ©vu pour le théùtre. Au lieu de cette critique d’un théùtre de convention sensible pour les seuls amateurs de théùtre, l’action dĂ©cline le portrait du pĂšre apparaissant dans ses rĂŽles les plus cĂ©lĂšbres, l’évocation construisant, sous des dehors lĂ©gers et sĂ©duisants, une petite thĂ©orie de l’art de l’acteur 11 Sacha Guitry, Théùtre
, t. II, p. 27-28. Le mĂ©tier de comĂ©dien est-il un mĂ©tier comme un autre ? Les comĂ©diens sont-ils des hommes comme les autres ? Eh bien, tout compte fait, non11. 12 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien, acte III, p. 950. 13 C’est le cas de Lucien Guitry dans Le ComĂ©dien. 14 C’est le cas de Deburau. 7La premiĂšre diffĂ©rence tient au fait que si les autres prennent des mĂ©tiers, c’est le mĂ©tier qui prend le comĂ©dien »12. La biographie de l’acteur tĂ©moigne ensuite de sa prĂ©destination Ă©lĂšve mĂ©diocre13 ou honte de la troupe » d’un cirque ambulant14, l’enfant montre en revanche un intĂ©rĂȘt passionnĂ© pour la lecture ou la communication silencieuse, le travers initial se muant avec le temps en qualitĂ© incontestable. Vient ensuite le moment de la reconnaissance, la prĂ©disposition Ă©tant rĂ©vĂ©lĂ©e par un maĂźtre ou par le public, l’essentiel Ă©tant de se frotter Ă  la scĂšne sans refuser d’emprunter des chemins de traverse le ComĂ©dien dĂ©cline une offre de la ComĂ©die-Française et part neuf ans pour la Russie oĂč il fait applaudir le théùtre français ; le chagrin d’enfance de Deburau se transforme en gestuelle expressive. Dans les deux cas, le refus de tout acadĂ©misme renforce le talent artistique. Le comĂ©dien est d’abord un rebelle aux ordres de la famille et de la sociĂ©tĂ©, car il s’agit d’une vocation plus que d’un apprentissage 15 Sacha Guitry, Le MĂ©tier de comĂ©dien », in Théùtre
, p. 27-28. C’est un mĂ©tier pour lequel il faut ĂȘtre douĂ© ; on ne peut pas devenir un bon comĂ©dien Ă  force de travail, d’intelligence et de volontĂ©. On peut jouer la comĂ©die sans aucun don, mais on la joue mal. On fait mal semblant. Or, savoir faire semblant, cela ne s’apprend pas15. 8Si Deburau, rĂ©pondant ainsi Ă  l’insistance de son fils Charles, consent finalement Ă  lui donner une leçon de pantomime, c’est qu’il croit seulement aux vertus de l’hĂ©rĂ©ditĂ©, le fils remplaçant le pĂšre sans effacer son nom. Tous les acteurs du théùtre du Funambule veulent assister Ă  la derniĂšre classe du maĂźtre qui dĂ©livre les secrets de son art en ces termes il faut avoir le trac pour ĂȘtre artiste, jusqu’au moment de la loge ; puis masquer sa peur face au public. En scĂšne, le comĂ©dien doit ĂȘtre lĂ©ger, simple, charmant, jamais vulgaire, pas trop intelligent, c’est inutile. Il doit se souvenir 16 Sacha Guitry, Deburau , in Théùtre
, acte III, p. 688. que les professeurs sont tous mauvais et, quand on est douĂ©, qu’ils sont des criminels, car ils n’enseigneront jamais, hĂ©las ! que leurs dĂ©fauts. Tous les gestes sont bons quand ils sont naturels, ceux qu’on apprend sont toujours faux16. Dans Le MĂ©tier de comĂ©dien, Sacha Guitry rajoute 17 Sacha Guitry, Le MĂ©tier de comĂ©dien », in Théùtre
 Le comĂ©dien est un homme dont la fonction naturelle est d’ĂȘtre un autre homme pendant quatre heures, tous les jours. Jouer la comĂ©die, c’est mentir avec l’intention de tromper, c’est crĂ©er l’illusion d’une quantitĂ©, d’une infinitĂ© de sentiments divers qu’on n’éprouve pas et qu’il convient pourtant de faire partager17. 9Dans ces textes, Sacha Guitry se rĂ©fĂšre directement aux thĂ©ories de Diderot, les techniques de jeu visant Ă  exercer un effet sur la perception du spectateur sans identification de la part de l’acteur ni avec le caractĂšre du personnage ni avec la logique du comportement liĂ© Ă  son rĂŽle. C’est donc au spectateur qu’il revient de vivre l’action, l’acteur lui imposant, par sa technique, une relation d’identification. Car le public est l’ultime visĂ©e de l’acteur authentique qui doit se sacrifier Ă  son attente pour lui procurer du plaisir, dĂ»t-il lui-mĂȘme en souffrir. Tel est, en effet, le sens des paroles de Deburau lors de sa derniĂšre classe 18 Sacha Guitry, Deburau, acte IV, p. 693. Adore ton mĂ©tier, c’est le plus beau du monde ![
] Fais rire le public, dissipe son ennui,Et, s’il te mĂ©prise et t’oublieSitĂŽt qu’il a passĂ© la porte,Va, laisse-le, ça ne fait rien,On se souvientToujours si mal de ceux qui vous ont fait du bien18 ! 10C’est au docteur qu’il revient finalement de faire le panĂ©gyrique du mĂ©tier, l’un reconnaissant Ă  l’autre sa capacitĂ© Ă  soigner le public 19 Ibid., acte III, p. 678-679. Le docteur Et je respecte volontiersCeux-lĂ  qui font mĂ©tierDe distraire les autresEt de les amuser. [
] Celui qui fait sourire est un grand bienfaiteur !Il peut ce que jamais n’a pu faire un a sur nous un avantageIl peut, sans le vouloir, sans ĂȘtre intelligent,Il peut rendre le goĂ»t de la vie Ă  des gens19 ! 11De la mĂȘme façon, le ComĂ©dien s’interroge sur le public qui donne sens Ă  son mĂ©tier. S’il a l’occasion de parler Ă  douze cents personnes tous les soirs, comment lui rendre service » ? Faudrait-il, Ă  l’instar des naturalistes, lui dĂ©peindre les misĂšres de la vie ? 20 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien, in Théùtre
, acte I, p. 910-911. Le comĂ©dien Pas du tout, justement. [
] Il ne suffit pas de montrer ce qui est laid, il faut aussi montrer ce qui est Beau ! Le Bonheur, l’Amour, la Gloire, la SantĂ©, la Peinture
 tout ce qui est beau et tout ce qui est accessible. [
] Savez-vous ce qu’est le public ? [
] C’est notre pays20. 12Le rĂŽle de l’acteur n’est donc qu’un outil, sa fonction vĂ©ritable Ă©tant d’instaurer un dialogue avec le public c’est ainsi qu’il doit contribuer, par-delĂ  les masques de son personnage, Ă  l’édification esthĂ©tique et morale des spectateurs. De la sorte, les comĂ©dies se font actes de foi. Si Guitry ne renonce Ă  aucune des observations comiques que le thĂšme lui offre – le directeur et l’argent, le comĂ©dien et sa vanitĂ©, la jalousie de ses partenaires –, le sujet mĂȘme de ses piĂšces est l’analyse des raisons profondes qui font qu’un comĂ©dien est un comĂ©dien, mais aussi de ce qu’il pourrait ĂȘtre si l’on admettait sa mission sociale. Son amour, dirait Guitry. * * * 13Le comĂ©dien est avant tout un analyste de l’amour. Mais il existe deux sortes d’amour l’amour apparent et somme toute superficiel, celui du ComĂ©dien pour Jacqueline Maillard par exemple, jeune femme qui se trompe en croyant aimer celui qu’elle admire sur les planches du théùtre, ou de Deburau pour Marie Duplessis, la Dame au CamĂ©lia. Et l’amour vĂ©ritable, inextinguible parce que dĂ©sincarnĂ© et idĂ©el celui de l’acteur pour le public. Dans les deux piĂšces, Deburau et le ComĂ©dien doivent renoncer aux amours trompeuses comme aux rĂȘves narcissiques pour devenir personne, c’est-Ă -dire tout le monde. S’il est alors impossible de faire la part du rĂŽle et de l’artiste, Sacha Guitry s’abĂźmant dans les ombres fantomatiques de Deburau ou du ComĂ©dien, c’est que le théùtre est sa vie comme sa vie est son théùtre. À ce prix seulement, le mensonge que suppose tout rĂŽle sera parachevĂ© car menĂ© Ă  ce point extrĂȘme oĂč l’acteur s’annule pour faire vivre un autre en lui-mĂȘme, pour l’amour du public. * * * 14Sacha Guitry a sans doute eu l’intuition de l’esthĂ©tique contemporaine de l’autofiction le premier, il renonce Ă  la notion d’emploi alors en vigueur dans le théùtre de boulevard, Ă  ces 21 Classification de Maurice Rostand pour auditions possibles, in ComƓdia, 22 janvier 1921, Bn ... grands premiers comiques, grands premiers rĂŽles, jeunes premiers et premiers rĂŽles, amoureux et amoureuses, confidents et manteaux, raisonneurs ou duettistes21 qui occupent les scĂšnes françaises de l’époque, pour imposer sa seule prĂ©sence 22 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien, in Théùtre
, acte II, p. 933. Le comĂ©dien Savez-vous ce qu’est un artiste ? Un artiste, c’est un comĂ©dien qui n’a pas d’emploi dĂ©fini. [
] Un artiste n’a pas d’ñge
 il joue les vieillards quand il est jeune et les Ă©phĂšbes quand il est trop vieux pour jouer les hommes mĂ»rs22. 15Si le mĂ©tier de comĂ©dien est, selon les dires de Guitry, magnifique et terrible », c’est qu’il abolit dĂ©finitivement la notion d’intimitĂ©. DĂšs lors, tout ce qui est vĂ©cu par le comĂ©dien deviendra matĂ©riau pour la scĂšne, la vie se recyclant inĂ©vitablement dans l’art. Deburau est une part de l’enfance de Guitry, moment initiatique oĂč se joue de façon encore inconsciente le destin du futur homme de théùtre 23 Sacha Guitry, Cinquante ans d’occupations, p. 326-327. C’est Ă  Saint-PĂ©tersbourg, en 1890, que j’ai jouĂ© la comĂ©die pour la premiĂšre fois. JouĂ© n’est pas tout Ă  fait exact. En vĂ©ritĂ©, j’ai figurĂ© dans une pantomime en un acte que mon pĂšre avait faite en collaboration avec un grand comĂ©dien russe qui se nommait Davidof. Cette pantomime fut créée au Palais ImpĂ©rial, devant Alexandre III. Mon pĂšre y jouait le rĂŽle de Pierrot. Moi, j’étais Pierrot fils. [
] Lorsque, aprĂšs une interminable sĂ©paration de treize annĂ©es, mon pĂšre vint me voir jouer pour la premiĂšre fois, c’était au Vaudeville, et je jouais Deburau. Vingt-huit ans s’étaient Ă©coulĂ©s depuis l’époque de mes dĂ©buts Ă  Saint-PĂ©tersbourg – et je puis dire, en somme, qu’il ne m’avait pas vu jouer depuis le jour oĂč cette photographie avait Ă©tĂ© prise. Vingt-huit annĂ©es, et il me retrouvait en Pierrot ! Mais, ce jour-lĂ , c’était moi qui jouais le rĂŽle du pĂšre23. 16De mĂȘme, l’intrigue du ComĂ©dien est tout entiĂšre inspirĂ©e d’une lettre de Talma que Guitry conserve comme un document prĂ©cieux Je possĂšde une lettre de Talma des plus intĂ©ressantes. [
] L’actrice qui jouait avec lui Ă  Bruxelles ne pouvant pas l’accompagner de ville en ville, le directeur demandait Ă  Talma d’accepter une certaine demoiselle Bellanger, propre Ă  la remplacer dans les principaux rĂŽles fĂ©minins de son rĂ©pertoire. Mlle Bellanger n’avait pas de talent, et Talma le savait. Il aurait pu fort bien ne pas s’en soucier. Il aurait pu fort bien penser Moi seul, et c’est assez », ainsi que trop de grands acteurs le pensent et le disent. Talma n’était point de ceux-lĂ . Il Ă©crivit au directeur 24 Sacha Guitry, Du grand danger de ceux qui remplacent les autres », in Théùtre
, p ... Mon cher Ami,J’accepte volontiers votre proposition, et c’est avec plaisir que j’irai jouer tant Ă  Anvers qu’à LiĂšge et qu’à Namur, ainsi qu’à Charleroi. Mais je vais ĂȘtre irrĂ©ductible quant au choix que vous avez fait de Mlle Bellanger. C’est une personne ravissante, mais dont le jeu, hĂ©las ! est superficiel. Je vous prie instamment de ne pas me l’imposer pour jouer avec moi, car [
] cela me fatiguerait Ă©tĂ© en effet demander Ă  Talma d’interprĂ©ter deux rĂŽles, ce qui n’eĂ»t point manquĂ© de le fatiguer24. 25 Antoine, Un grand portrait d’acteur », chronique hebdomadaire de L’Information, 1921. 17Les pilotis de l’Ɠuvre sont restituĂ©s au grĂ© de notes fragmentaires concernant les souvenirs de Guitry ; la biographie Ă©tant constituĂ©e de scĂšnes Ă©minemment théùtrales, l’art sert d’abord Ă  lire sa propre vie ; toute piĂšce prend alors l’allure d’une confidence personnelle », comme le disait Antoine Ă  propos du ComĂ©dien25, la rĂ©alitĂ© de l’existence menant Ă  l’esquisse du portrait universel de l’acteur. * * * 26 Voir, par exemple, Ă  ce sujet, la critique de Pierre Mille, dans La Renaissance, fĂ© ... 27 Pornographie provisoire », ComƓdia, fĂ©vrier 1921. 18On a souvent reprochĂ© Ă  Guitry de se mettre » dans ses ouvrages26, certains allant jusqu’à parler de pornographie provisoire », le ComĂ©dien cĂ©dant aux avances d’une jeune Ă©tourdie sous le regard bienveillant de son oncle, triste reprĂ©sentant de notre morale finissante, de notre morale passive »27, d’autres saluant cette incorporation inĂ©dite de l’homme et de l’Ɠuvre. Il semblerait plutĂŽt que le prĂ©tendu narcissisme de Guitry soit un malentendu, l’artiste sacrifiant son ego dans la pratique du théùtre et se travestissant toujours pour s’engloutir et se perdre dans la multiplication des rĂŽles. Si la thĂ©matique de la surface et des profondeurs engendre une incessante dialectique dans l’Ɠuvre de Guitry – les coulisses enseignant plus que la scĂšne et les masques plus que la rĂ©alitĂ© – c’est que l’acteur, forcĂ©ment rebelle aux rĂšgles habituelles du monde, masque sa tristesse d’une mĂ©lancolique Ă©lĂ©gance. Sans rĂŽle et sans amour, l’acteur n’est plus personne telle est la premiĂšre leçon de Deburau et du ComĂ©dien. Mais c’est sans doute que, pour ĂȘtre un grand artiste, il fallait dĂ©jĂ  n’ĂȘtre rien. D’oĂč la nostalgie du ComĂ©dien aprĂšs la derniĂšre, sorte de condamnation au vide aprĂšs l’illusion du masque 28 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien », in Théùtre
, acte I, p. 908. L’habilleuseVous aimez ça, vous regarder dans la glace, hein ?Le comĂ©dienCe n’est pas moi que je regarde
 ce sont les autres !L’habilleuseQuels autres ?Le comĂ©dienCeux que je joue
L’habilleuseOui, mais comme celui-lĂ , vous ne le jouerez plus
Le comĂ©dienJustement, je lui dis Adieu28. 19En conclusion, il semblerait que la traversĂ©e des apparences, si souvent symbolisĂ©e par des scĂšnes de vanitĂ© face au miroir dans l’Ɠuvre de Guitry, soit l’illusion suprĂȘme Ă  laquelle le bon acteur aurait renoncĂ© n’étant rien que les autres, sous le masque, il s’adresse Ă  la communautĂ© des hommes en traitant lĂ©gĂšrement de sujets sĂ©rieux. Avec Lucien Guitry et Yvonne Printemps Top of page Notes 1 Benjamin CrĂ©mieux, ComƓdia, mars 1938 ; article dĂ©coupĂ© par Sacha Guitry et annotĂ© par ses soins de la sorte VoilĂ  une critique qui me paraĂźt assez indĂ©pendante », archives Guitry, BnF. 2 Propos de Sacha Guitry rapportĂ©s par Lucien Dubech, Le Matin, 22 janvier 1921. 3 Sacha Guitry, Deburau, in Théùtre et théùtre je t’adore, Paris, Omnibus, 2005, acte I, p. 612. 4 Roland DorgelĂšs, La Lanterne, 22 janvier 1921. 5 Benjamin CrĂ©mieux, ComƓdia. 6 Sacha Guitry, document dactylographiĂ© enregistrĂ© par Radio-Luxembourg le samedi 16 fĂ©vrier 1938, BnF, Fonds Guitry. 7 Le comĂ©dien et son musĂ©e », ComƓdia, janvier 1921. Cf. infra, Le musĂ©e du comĂ©dien ». 8 Lucien Dubech, Le Matin, 1921, BnF, Fonds Guitry. 9 Le ComĂ©dien, film de 1948 ; Deburau, film de 1951. 10 Fragments notamment tirĂ©s de Si j’ai bonne mĂ©moire », Mon Portrait », Portraits et anecdotes », dans Cinquante ans d’occupations. 11 Sacha Guitry, Théùtre
, t. II, p. 27-28. 12 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien, acte III, p. 950. 13 C’est le cas de Lucien Guitry dans Le ComĂ©dien. 14 C’est le cas de Deburau. 15 Sacha Guitry, Le MĂ©tier de comĂ©dien », in Théùtre
, p. 27-28. 16 Sacha Guitry, Deburau , in Théùtre
, acte III, p. 688. 17 Sacha Guitry, Le MĂ©tier de comĂ©dien », in Théùtre
 18 Sacha Guitry, Deburau, acte IV, p. 693. 19 Ibid., acte III, p. 678-679. 20 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien, in Théùtre
, acte I, p. 910-911. 21 Classification de Maurice Rostand pour auditions possibles, in ComƓdia, 22 janvier 1921, BnF, Fonds Guitry. 22 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien, in Théùtre
, acte II, p. 933. 23 Sacha Guitry, Cinquante ans d’occupations, p. 326-327. 24 Sacha Guitry, Du grand danger de ceux qui remplacent les autres », in Théùtre
, p. 55-56. 25 Antoine, Un grand portrait d’acteur », chronique hebdomadaire de L’Information, 1921. 26 Voir, par exemple, Ă  ce sujet, la critique de Pierre Mille, dans La Renaissance, fĂ©vrier 1921. 27 Pornographie provisoire », ComƓdia, fĂ©vrier 1921. 28 Sacha Guitry, Le ComĂ©dien », in Théùtre
, acte I, p. of page References Bibliographical reference Sophie Lucet, “Portrait de l’artiste en rebelle Le ComĂ©dien, Deburau”, Double jeu, 3 2006, 123-134. Electronic reference Sophie Lucet, “Portrait de l’artiste en rebelle Le ComĂ©dien, Deburau”, Double jeu [Online], 3 2006, Online since 06 July 2018, connection on 27 August 2022. URL DOI of page About the author Sophie LucetMaĂźtre de confĂ©rences en Études thĂ©atrales Ă  l’universitĂ© de Caen this author Published in Double jeu, 1 2003 Entretien avec Philippe CaubĂšre Published in Double jeu, 1 2003 Entretien avec ValĂ©rie DrĂ©ville Published in Double jeu, 1 2003 Quelqu’un va venir, de Jon Fosse Published in Double jeu, 6 2009 Top of page p97u. 392 306 274 75 330 320 226 29 7

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